Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a déclaré, jeudi, que son homologue français lui a adressé une lettre dans laquelle Emmanuel Macron affirme que ‘’la France se doit de reconnaître’’ qu’il y a eu un ‘’massacre’’ dans le camp militaire de Thiaroye, en périphérie de Dakar, le 1er décembre 1944.
»Je dois vous révéler que j’ai reçu aujourd’hui une lettre du président Macron dans laquelle il reconnaît que ce fut en effet un massacre », a dit le président Faye , répondant à une question de savoir si son pays s’attend à des excuses officielles de la France sur cette tragédie perpétrée par l’armée coloniale.
Ce pas consistant à reconnaître que c’est un massacre doit ouvrir la porte à une collaboration parfaite pour la manifestation de toute la vérité sur ce douloureux évènement de Thiaroye, a ajouté le chef de l’Etat au micro de plusieurs médias français dont l’AFP.
Répondant à une question de savoir s’il existe des réticences de Paris dans la manifestation de la vérité sur ce qui s’est réellement passé à Thiaroye, Bassirou Diomaye Faye s’est voulu on ne peut plus clair.
»Evidemment il y a quelque chose qui a été caché. On a régulièrement cherché à mettre une chape de plomb sur cette histoire-là. Et nous pensons pour cette fois que l’engagement de la France sera totale, quelle sera franche et collaborative et qu’elle sera entière », a-t-il affirmé.
Rfi rapporte que dans cette lettre, le chef de l’État français écrit que ‘’la France se doit de reconnaître que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versé l’entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre’’.
Dans son courrier, Emmanuel Macron estime aussi qu’il ‘’importe d’établir autant que possible les causes et faits ayant mené à cette tragédie’’.
Le 1er décembre 1944, des soldats d’Afrique subsaharienne appelés tirailleurs sénégalais ont été tués à l’arme automatique dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres de Dakar, par l’armée coloniale pour avoir réclamé le paiement de leurs arrières de solde et diverses primes et indemnités.
Le bilan de 35 morts donné par les autorités françaises, estimé à dix fois plus par des historiens, est l’une des grandes pommes de discorde entre Paris et les Etats dont étaient originaires les 1 600 soldats démobilisés après avoir participé à la libération de la France lors de la seconde Guerre mondiale.
Dimanche, le président Bassirou Diomaye Faye va présider la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs à Thiaroye, en présence de plusieurs dirigeants africains et du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.