La Française Estelle Mossely, championne olympique 2016 de boxe poids légers, a loué les qualités des jeunes boxeuses sénégalaises tout en évoquant les barrières qui pénalisent encore la pratique de ce sport dans certains pays d’Afrique.
»Les boxeuses ont la volonté, l’envie et la qualité. Ce qu’il faut renforcer, c’est leur technicité et l’expérience », a t-elle dit dans un entretien accordé à l’APS durant son séjour à Mbour dans le cadre d’un camp de boxe 100% féminin entre jeunes boxeuses sénégalaises et marocaines.
Ce stage qui se tient du 17 au 23 juillet est organisé en prélude des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) prévus à Dakar en 2026. Il regroupe près d’une vingtaine de boxeuses de différentes catégories de poids légers âgées entre 15 et 18 ans.
Estelle Mossely a relevé l’importance de pouvoir s’adapter aux différents styles dans la pratique de la boxe afin d’atteindre le haut niveau. ‘’Nous avons tous des styles différents de la boxe (…) Et si on n’apprend pas à boxer avec ses différents styles, ça devient plus difficile en compétition de s’adapter’’, a-t-elle expliqué.
Au-delà du style, la boxeuse française estime également que l’expérience internationale est « fondamentale » pour les boxeuses en devenir. »J’ai visité des clubs et j’ai l’occasion de prendre part aux entraînements de l’équipe de boxe sénégalaise et la plupart n’ont pas beaucoup de combats et n’ont pas une expérience à l’internationale », a t-elle dit.
Selon elle, ce camp de boxe est une manière « d’apporter » sa »contribution » à la boxe féminine. « J’ai donc voulu proposer une solution qui leur permettra d’avoir l’expérience internationale. Il y aura un stage retour avec l’équipe du Sénégal au Maroc avec l’objectif d’augmenter le nombre de participants chaque année jusqu’aux JOJ 2026 », a t-elle indiqué.
La championne olympique de 31 ans a aussi insisté sur la formation des entraîneurs.
Un avis partagé par l’entraîneur adjoint de l’équipe du Sénégal féminine de boxe, Ibrahima Sarr, pour qui ‘’la formation des coachs est indispensable pour atteindre le haut niveau ».
Préjugés autour de la boxe féminine
La particularité de ce camp de boxe animé par Estelle Mossely est l’intégration de la dimension sociale. « Au-delà des entraînements, il a aussi été question d’organiser des discussions et échanges entre les sportives et entre les coachs, autour des problématiques féminines et des préjugés pour ces futures boxeuses professionnelles », a-t-elle souligné.
En effet, selon Estelle Mossely, beaucoup de disciplines sportives sont encore considérées comme masculines et la boxe n’est pas en reste. « Certaines problématiques culturelles et même religieuses peuvent freiner la pratique du sport chez certaines jeunes africaines », a-t-elle reconnu.
‘’Les femmes ont des tâches supplémentaires en plus de la pratique du sport, elles doivent également faire face à la gestion de leur menstrues sans oublier les préjugés et l’acceptation au sein des familles », a relevé la boxeuse française, ingénieure de formation et mère de deux enfants.
‘’Partout où je vais je mets mon expérience en avant pour montrer qu’on peut avoir sa vie de femme et allier cela à une vie professionnelle sportive. Il faut juste s’écouter avoir la volonté et le faire accepter aux autres’’, a fait savoir la boxeuse française.
Le Directeur technique national adjoint de la fédération sénégalaise de boxe Malick Niang a expliqué que plusieurs campagnes de massification ont été organisées pour amener les jeunes filles à embrasser cette discipline sportive.
‘’Grace à ces campagnes, le taux de participation des femmes a fortement augmenté, on a désormais le double, voire le triple qui se présente aux championnats », a t-il souligné sans avancer de chiffres.
La Championne olympique de Rio 2016 qualifiée il y a trois semaines aux Jeux olympiques de Paris 2024 a exprimé son souhait de collaborer avec le Comité olympique sénégalais en prélude des JOJ de 2026, soulignant l’importance d’intégrer l’entité dans cette démarche d’améliorer la pratique de la boxe féminine au Sénégal.
Cette première édition de stage a été organisée en partenariat avec les fédérations de boxe du Sénégal et du Maroc et des organisations de développement du sport en Afrique telles que Sport en Commun et Sport Impact.