Le président russe affirme qu’il est « impossible d’isoler la Russie », malgré les lourdes sanctions imposées par les Occidentaux en représailles de la guerre qu’il mène en Ukraine. Vladimir Poutine estime que le « pic » des difficultés économiques de son pays est « passé » et salue le « rôle croissant » de l’Asie vers laquelle Moscou se tourne de plus en plus.
Rien ne semble faire peur à Vladimir Poutine. « Peu importe combien certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire », a-t-il lancé ce mercredi 7 septembre lors d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe). Le président russe fait évidemment référence aux lots de sanctions instaurées par les Occidentaux à son pays. Mais si ces derniers le considèrent comme indésirable depuis le lancement de son offensive en Ukraine le 24 février, tel n’est pas le cas du reste du monde.
Moscou a en effet accéléré un virage vers l’Asie ces derniers mois dans l’espoir d’y trouver de nouveaux marchés et fournisseurs pour remplacer ceux perdus du fait des sanctions américaines et européennes. Dernier exemple en date : l’annonce de la Russie d’exporter davantage de son pétrole vers l’Asie si les pays du G7 imposent un plafonnement des prix de son or noir.
Poutine fait les yeux doux à l’Asie
À Vladivostok, devant de nombreux responsables économiques et politiques asiatiques présents, notamment chinois, Vladimir Poutine a salué dans un long discours « le rôle croissant » de la région Asie-Pacifique dans les affaires du monde, à l’opposé d’un Occident qu’il a dépeint comme sur le déclin, miné notamment par l’ « inflation ».
Profitant de la venue de responsables asiatiques, le président russe s’est entretenu en marge du forum avec le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing, saluant les relations « positives » entre la Russie et la Birmanie. Le président russe devait rencontrer par la suite le chef du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, Li Zhanshu, troisième plus haut responsable chinois.
C’est toutefois avec la Chine que la Russie souhaite opérer le rapprochement le plus étroit, à la fois économique et sécuritaire. En parallèle du forum de Vladivostok, Moscou a ainsi mené ces derniers jours des exercices militaires de grande ampleur dans l’Extrême-Orient russe, en présence de militaires de plusieurs pays alliés, dont la Chine. Des manœuvres supervisées par Vladimir Poutine en personne mardi.
L’opération séduction semble d’ailleurs fonctionner. L’ambassadeur russe à Pékin a annoncé ce mercredi que le président russe s’entretiendrait avec son homologue chinois en marge d’un sommet la semaine prochaine en Ouzbékistan de l’Organisation de coopération de Shanghai, bâtie comme contrepoids à l’influence occidentale. Il s’agirait dans ce cas du premier déplacement à l’étranger de Xi Jinping depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Le pire est derrière la Russie
Dans ce contexte de pivot asiatique, le forum économique de Vladivostok, auquel s’adressait Vladimir Poutine, a pris une importance stratégique pour la Russie. Si la Chine a apporté son soutien politique à la Russie dans le conflit ukrainien et est avide d’hydrocarbures russes, elle a évité d’aider Moscou à contourner les sanctions.
Des sanctions qui font souffrir son économie mais qui ne mettent pour autant pas la Russie à terre. Moscou a en effet encaissé plusieurs dizaines de milliards grâce aux ventes de pétrole et de gaz sur les six premiers mois de cette année. 97 milliards de dollars (à peu près l’équivalent en euros), dont environ 74 milliards grâce au pétrole, selon l’Institut international de la finance. C’est même bien plus : 158 milliards d’euros en six mois de guerre, selon le Center for research on energy and clean Air (CREA), centre de recherche indépendant basé en Finlande.
Ce mercredi, Vladimir Poutine a par ailleurs déclaré que le « pic » des difficultés économiques causées en Russie par les sanctions occidentales était « passé ». « La situation se normalise », s’est-il dit lors du forum économique à Vladivostok. Cela se traduit, selon lui, par « une amélioration des indicateurs macroéconomiques », avec notamment « un taux de chômage au plus bas, à 3,9% » et « une inflation en baisse ». En juillet, l’inflation enregistrée en Russie avait été de 15,1% sur un an, selon l’agence de statistiques Rosstat.
Il a néanmoins concédé « des problèmes » liés à l’imposition des sanctions occidentales, « en particulier dans les entreprises qui étaient approvisionnées depuis l’Europe ». Les sanctions ont en effet entraîné d’importantes perturbations logistiques dans certains secteurs, notamment automobile et technologique, qui ne parviennent plus à recevoir les pièces nécessaires pour l’assemblage de leurs produits.