Une foule de fidèles accomplit mercredi près de La Mecque le rituel de la lapidation de Satan, l’un des derniers du grand pèlerinage annuel musulman, au premier jour de l’Aïd al-Adha, célébration religieuse majeure de l’islam.
Dès l’aube, les pèlerins se sont relayés sur le site de la lapidation à Mina, une vallée aride située à quelques kilomètres de La Mecque, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, pour jeter des cailloux sur une grande stèle symbolisant le diable.
« Je suis très heureux, mais je suis épuisé », affirme Sobhi Said, un employé égyptien de 56 ans après avoir prié toute la journée de mardi sur le mont Arafat, autre étape cruciale, sous une température atteignant les 48 degrés Celsius.
Le rituel de la lapidation a viré plusieurs fois au drame par le passé, notamment en 2015, lorsqu’une bousculade gigantesque a fait 2.300 morts, la pire tragédie de l’histoire du grand pèlerinage, le hajj.
Depuis, le lieu a été aménagé avec des couloirs en béton et des ponts pour assurer la fluidité des mouvements de foules. Une structure de sept étages a été érigée pour permettre aux pèlerins de jeter les cailloux, ramassés la veille dans la plaine de Mouzdalifa, où ils ont passé la nuit à la belle étoile.
Les fidèles doivent ensuite se diriger vers la Grande Mosquée de La Mecque, la ville la plus sacrée de l’islam, pour un dernier tour de la Kaaba, structure cubique noire vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier, marquant la fin du grand pèlerinage.
– Fête du sacrifice –
Le rituel de la lapidation coïncide avec l’Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde en souvenir du sacrifice qu’avait faillit accomplir Abraham en voulant immoler son fils, avant que l’ange Gabriel ne lui propose in extremis de tuer un mouton à sa place, selon la tradition.
A cette occasion, les pratiquants égorgent une bête, en général un mouton, et offrent une partie de la viande aux nécessiteux.
Le roi Salmane d’Arabie saoudite, gardien de deux des trois lieux les plus saints de l’islam, a pris en charge les dépenses pour la fête du sacrifice de 4.951 pèlerins dans le besoin venus de 92 pays, a indiqué la chaîne publique saoudienne Al-Ekhbariya.
Le roi a par ailleurs adressé ses vœux aux fidèles à La Mecque, priant Dieu d’apporter « bien-être et prospérité à notre pays, aux musulmans et au monde ».
Le grand pèlerinage, qui consiste en une série de rites codifiés se déroulant sur plusieurs jours à La Mecque et dans ses environs, est l’un des cinq piliers de l’islam. Il doit être entrepris par tout musulman au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens. Avec un coût estimé d’environ 5.000 dollars par personne, certains économisent durant des années pour l’accomplir.
Selon autorités saoudiennes, le grand pèlerinage a réuni plus de 1,8 million de musulmans cette année, loin des 2,5 millions de visiteurs accueillis en 2019 avant la pandémie, malgré la levée des limitations sur le nombre ou l’âge imposées durant les trois dernières saisons.
Cette année, les fidèles ont dû affronter le pic des températures estivales dans l’une des régions les plus chaudes du monde, les dates du grand pèlerinage étant déterminées selon le calendrier lunaire.
Faute de pouvoir porter un chapeau, interdit pour les hommes durant le pèlerinage, de nombreux fidèles se sont procurés des ombrelles, s’aspergeant régulièrement le visage d’eau.
Selon le ministère saoudien de la Santé, 287 cas d’insolations ont été recensés.
« Je ne pense plus faire le hajj avant qu’il ne tombe en hiver », affirme Farah, une Tunisienne de 26 ans, en se versant de l’eau sur sa tête.
« J’ai réalisé le rêve de ma vie, mais mon corps est en train de fondre », ajoute-t-elle.