Le président russe Vladimir Poutine se rendra mercredi en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis alors que Dubaï accueille les négociations sur le climat de la COP28 des Nations unies — malgré un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour la guerre en Ukraine.
Ni l’Arabie saoudite ni les Émirats arabes unis n’ont signé le traité fondateur de la CPI, ce qui signifie qu’ils n’ont aucune obligation d’arrêter M. Poutine en raison du mandat l’accusant d’être personnellement responsable des enlèvements d’enfants en Ukraine pendant sa guerre contre l’Ukraine.
Cependant, cette visite intervient alors que la police armée de l’ONU patrouille dans une partie de l’Expo City de Dubaï, désormais considérée comme un territoire international pour les négociations, soulignant une fois de plus les liens commerciaux étendus entre les Émirats et la Russie, qui ont explosé depuis que les sanctions occidentales ont visé Moscou.
Une déclaration sur le voyage de M. Poutine publié par l’agence de presse officielle Tass, publiée mercredi matin, ne suggérait pas que M. Poutine pourrait venir sur le site de la COP28, citant plutôt l’assistant du président russe, Iouri Ouchakov, qui a dit qu’il atterrirait et aurait une «réunion au palais» et un entretient en tête-à-tête avec le président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al Nahyane.
Cette visite intervient après que la COP28 a vu un défilé des dirigeants occidentaux, dont la vice-présidente américaine Kamala Harris, le président français Emmanuel Macron, le premier ministre britannique Rishi Sunak et d’autres soutenant l’Ukraine, prendre la parole au sommet. Il en a été de même pour le président biélorusse Alexandre Loukachenko, longtemps allié de M. Poutine.
La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui supervise les sommets de la COP, n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires concernant la visite de Vladimir Poutine.
Le comité d’organisation émirati de la COP28 a renvoyé les questions au ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, qui n’a pas non plus répondu immédiatement. Les Émirats arabes unis ont célébré à plusieurs reprises le dirigeant soudanais aujourd’hui déchu, Omar al-Bashir, malgré un mandat d’arrêt de la CPI visant son arrestation pour des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité au Darfour.
Vladimir Poutine s’est rendu pour la dernière fois aux Émirats arabes unis en 2019, recevant un accueil chaleureux de la part de Cheikh Mohammed, alors prince héritier d’Abou Dhabi. Mais depuis, le monde a beaucoup changé.
Le président russe s’est isolé pendant la pandémie de coronavirus. Il a lancé une invasion visant l’Ukraine en février 2022, une guerre acharnée qui se poursuit aujourd’hui et qui a été un sujet pour les diplomates ukrainiens lors des négociations de la COP28.
Pendant ce temps, la guerre entre Israël et le Hamas reste une préoccupation majeure pour le Moyen-Orient, en particulier pour les Émirats arabes unis, qui ont obtenu une reconnaissance diplomatique avec Israël en 2020. Les récentes attaques du groupe rebelle Houthis soutenu par l’Iran au Yémen menacent également la navigation commerciale dans la mer Rouge, car le programme nucléaire iranien poursuit sa progression rapide depuis l’effondrement de l’accord nucléaire de 2016.
M. Poutine doit rencontrer jeudi le président iranien Ebrahim Raisi pour ce que M. Ouchakov a décrit comme «une conversation assez longue». Les deux pays discutent des moyens de contourner les sanctions occidentales qui les visent.
M. Poutine se rendra aussi en Arabie Saoudite et rencontrera le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane lors de ce voyage d’une journée, a fait savoir M. Ouchakov. Ces discussions porteront probablement sur l’autre préoccupation majeure de Moscou au Moyen-Orient : le pétrole.
La Russie fait partie de l’OPEP+, un groupe de membres du cartel et d’autres pays qui ont géré leur production pour tenter de faire grimper les prix du pétrole brut. La semaine dernière, le groupe a étendu certaines réductions de production jusqu’à l’année prochaine et a intégré dans son groupe le nouveau fournisseur de pétrole, le Brésil. Le brut de référence Brent s’échangeait mercredi autour de 77 $ le baril, contre près de 100 $ en septembre, en raison des inquiétudes concernant un affaiblissement de l’économie mondiale.
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