Alors que le Président de la République lance ce 1er juin 2024 la campagne de « set setal » national, beaucoup de Sénégalais passent leur nuit sous les ponts routiers à Dakar. Ce qui pose un problème environnemental à cause de l’occupation anarchique de la voie publique, mais surtout un terreau fertile à l’insécurité avec la présence de malfrats qui fréquentent ces lieux.
Ni les voitures qui passent en trombe, ni l’absence de protection dans ce vaste espace, ni les vents marins parfois torrides n’émeuvent sur place. Dans ce décor de tous les dangers, certains trouvent leur bonheur, leur paradis artificiel ou réel, c’est selon. Sous le pont de Diamalaye, coincé entre Yoff et les Parcelles assainies, c’est une autre vie qui se déroule.
Une ville dans une ville. Des kilomètres sablonneux par endroit, cloitrés entre les allées routières où foisonnent rébus, personnes sans domicile fixe, dealers, trafiquants, déflatés, entre autres rejets du corps sociétal. Vendredi 31 mai 2024, Médoune Thiandoum alias « Thian » dort encore à la belle étoile à 9h.
Allongé sur une éponge, déchirée en partie, noircie par des années d’usage, l’homme à la barbe poivre sel est en contradiction avec sa famille.
« Je ne suis pas un fou », précise-t-il avec hargne, maîtrisant à merveille la langue de Molière […]
avec lesoleil.sn