Dans un contexte économique marqué par des tensions financières et une exigence accrue de transparence, l’État du Sénégal vient de réaliser un véritable tour de force. Lancé le 27 mars dernier par le Ministère des Finances et du Budget, l’Emprunt Obligataire par Appel Public à l’Épargne, initialement prévu pour mobiliser 150 milliards FCFA, a déjà franchi la barre des 405 milliards FCFA de souscriptions au 11 avril 2025, soit une semaine avant la clôture officielle prévue le 18 avril.
Portée par Invictus Capital & Finance en tant qu’arrangeur principal, cette opération séduit massivement les épargnants sénégalais et ceux de la sous-région. Elle avait pour objectif de financer des investissements stratégiques inscrits dans le budget 2025, en particulier dans les secteurs clés de l’économie nationale : infrastructures, énergie, éducation et santé.
Ce succès spectaculaire dépasse de loin les attentes et témoigne d’une volonté affirmée des citoyens à s’impliquer dans la reconstruction du pays. Cette levée de fonds intervient en effet dans un contexte de redressement après une période de turbulences économiques, largement documentée par le rapport final de la Cour des comptes publié en février 2025.
Ce rapport accablant a mis à nu de nombreuses irrégularités dans la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024, notamment des maquillages de chiffres et des données erronées sur l’endettement du pays. L’un des constats les plus alarmants concerne la dette, estimée à un montant colossal de 18 558,91 milliards FCFA, soit 99,67 % du PIB alors que le précédent gouvernement annonçait un taux de 74 %.
Face à cette réalité, le succès de l’appel public à l’épargne apparaît comme une forme de résilience collective. Il reflète l’engagement des Sénégalais à tourner la page et à bâtir un avenir plus transparent, plus équitable et économiquement durable.