Présentes dans bon nombre d’aliments fermentés, les levures ne permettent pas seulement de préserver la salubrité des aliments ou d’en modifier les caractéristiques gustatives. Elles pourraient aussi protéger contre les inflammations intestinales, révèle une étude française.
A priori, très peu d’études n’avaient jusqu’ici détecté d’effet curatif de l’ingestion de levures sur l’inflammation intestinale. « Plus précisément, très peu de personnes ne s’étaient vraiment intéressées à mesurer un éventuel effet de ces champignons microscopiques utilisés au quotidien dans notre alimentation sur les pathologies du système digestif humain », corrige Mathias Richard, directeur de recherche à l’Institut national pour la recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et coauteur de l’article que vient de publier la revue scientifique mSystems. Les chercheurs de l’unité Micalis (unité mixte de recherche Inrae, AgroParisTech et université Paris-Saclay) ont détecté in vitro et chez la souris une réduction de la sensibilité à la rectocolite hémorragique, l’une des deux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin connues chez l’humain, grâce à l’ingestion de deux sortes de levures industrielles très courantes.
Ces travaux proviennent de l’interrogation commune des chercheurs de l’unité Micalis et des agro-industriels vendant des ferments utilisés pour la production d’aliments de grande consommation comme les yaourts, la bière, ou la charcuterie. « Depuis une vingtaine d’années, les progrès dans la connaissance du microbiote intestinal — ces micro-organismes qui tapissent le système digestif et participent à l’assimilation des aliments — ouvrent la voie à une amélioration de la santé par l’alimentation en définissant des points clés d’un régime personnalisé qui pourrait permettre de maintenir ou de rééquilibrer le microbiote d’un individu », poursuit Mathias Richard.
Les études ont d’abord porté sur l’identification des bactéries et de leurs fonctions puis, depuis une dizaine d’années, sur celle des champignons microscopiques présents dans ce milieu. Des comparaisons entre les microbiotes de personnes souffrant notamment de la maladie de Crohn et ceux de personnes en bonne santé ont bien montré des déséquilibres dans les microbiot[…]