L’accident de Sikilo, un village de Kaffrine (centre) où 39 personnes sont décédées dans une collision de bus survenue dimanche matin, a plongé les populations locales dans la tristesse, ont constaté des reporters de l’APS.
Dans ce village de la commune de Kahi, situé à six kilomètres de Kaffrine et où cohabitent plusieurs ethnies, l’émotion est restée encore vive, près de quarante-heures après le drame, qui a aussi fait une centaine de blessés.
Un bouleversement à la mesure du caractère tragique de cet accident qui, selon les observateurs, compte parmi les plus meurtriers de l’histoire des drames routiers au Sénégal, sinon le plus meurtrier.
Dans ce village appelé Keur Abdou Bamby pendant l’époque coloniale et sorti de l’anonymat par cet accident mortel, la tristesse est perceptible sur les visages.
A l’entrée des concessions, des groupuscules d’enfants continuent de folâtrer. Des pauses bain de soleil pour se protéger du temps frisquet.
A l’intérieur, les femmes ont toujours la mine triste, signe qu’elles restent encore marquées par la tragédie dont leur village, situé en plein cœur du bassin arachidier, a été le théâtre, dimanche matin.
Selon le chef de village, Alimou Diaby, ce sont les habitants de Sikilo qui ont secouru les premiers les victimes, avant l’arrivée des agents de la 33e compagnie d’incendie et de secours des sapeurs-pompiers de Kaffrine et des gendarmes.
‘’Nous avons été les premiers à arriver sur les lieux de l’accident, 2 heures du matin. Et pendant plus d’une heure avant l’arrivée des sapeurs-pompiers, nous avons apporté notre secours aux blessés’’, raconte-t-il d’un ton calme et d’une mine triste.
Habillé d’un boubou traditionnel marron, la tête coiffée d’un bonnet noir, l’homme déclare que les habitants de Sikilo se sont rendu compte de l’ampleur une fois sur le lieu de l’accident.
‘’Je vis depuis lors dans la peur’’
‘’Nous avons même utilisé des sacs pour évacuer les morts et les blessés. Certains déjà avaient perdu leurs jambes, d’autres, coincés dans les véhicules, perdaient beaucoup de sang’’, confie le chef de village de Sikilo, assis sur une chaise, entouré de sa famille.
Il déclare que les habitants ont vécu ‘’une nuit horrible’’, qu’il sera ‘’très difficile’’ d’effacer de leur mémoire, tellement la situation était inédite pour eux.
‘’Cet événement revient régulièrement dans mes pensées, puisqu’il est maintenant dans ma tête. C’est la tristesse et la consternation dans le village, actuellement’’, a insisté M. Diaby.
Abdoulaye Faye, l’un des notables du village, a lui aussi du mal à se remettre d’avoir vu d’effroyables images, après avoir aidé à secourir les victimes.
La cinquantaine révolue, M. Faye affirme qu’il n’oubliera jamais de sa vie cet accident ‘’très violent’’.
‘’Depuis hier (dimanche), je suis tombé malade. J’étais même parti à l’hôpital pour des soins. Je n’ai plus envie de vivre. J’ai vu le pire. Des gens ont perdu la vie devant moi. Je crois que les habitants du village de Sikilo méritent beaucoup de respect, car ils ont bien assuré les premiers secours’’, fait-il valoir.
Khady Sarr, une fille âgée de 15 ans trouvée en train de faire le linge au milieu de la maison familiale, confie même avoir peur de retourner sur le lieu du drame, effrayée qu’elle est depuis la vue de la terrible scène de l’accident.
‘’Je souhaite qu’on nous débarrasse de toutes les carcasses des véhicules accidentés pour, au moins, nous remonter le moral, car je vis depuis lors dans la peur’’, dit-elle.
Profitant de la présence des reporters de l’APS, le chef de village de Sikilo appelle les autorités sénégalaises à aider davantage leur localité qui, selon lui, est confrontée à des pénuries d’eau potable. Selon lui, le village souhaite également être connecté au réseau téléphonique.
‘’Nous demandons à nos autorités de nous venir en aide, afin que nous puissions disposer d’un meilleur système d’approvisionnement en eau potable et d’un confortable réseau téléphonique’’, insiste-t-il.