Le F24 est un front de l’opposition qui a été mis en place pour lutter contre l’intention, qui était prêtée à Macky Sall, de briguer un mandat supplémentaire de président de la République du Sénégal en 2024. Mais cet objectif politique est tombé à l’eau, dès l’instant que Macky Sall a fini de dire n’avoir jamais songé à cela et qu’il a même désigné son candidat pour la Présidentielle, en la personne de son Premier ministre Amadou Ba. Le cri de rassemblement du F24 n’est plus donc audible et cette organisation, perdant du souffle, cherche à explorer de nouvelles pistes pour se relancer. C’est ainsi qu’elle a organisé une marche vendredi dernier à Dakar, regroupant quelques centaines de personnes. La manifestation s’est déroulée sans heurts. Les marcheurs exigent la libération «des détenus politiques», qu’ils disent emprisonnés par le «régime dictatorial de Macky Sall». Quelle est bien douce cette dictature au Sénégal, où des opposants peuvent organiser des marches, dans de grandes artères de la ville, crier leurs slogans accablant le «dictateur», au son de chants et danses, et rentrer tranquillement chez eux à la fin de la randonnée !
Mais le plus burlesque est que certains parmi eux avaient brandi des drapeaux russes pour montrer leur inclinaison ou leur béguin pour la Russie du «grand frère» Vladimir Poutine. Eh ben, dans une «dictature», comme celle du Sénégal, on peut bien manifester ses préférences les plus loufoques ou les plus saugrenues, en toute tranquillité ou quiétude. Mais demandez à des opposants russes de manifester publiquement dans leur pays et de traiter le Président Poutine de dictateur sanguinaire ? On verra ce qu’il leur adviendrait !
Honnêtement j’avais espéré entendre quelques réactions de la part d’organisateurs de la manifestation, pour se démarquer de l’exhibition de fanions russes ; j’avais voulu encore croire que ceux qui voudraient chasser la France du sol africain, parce que ce pays est dépeint sous les traits d’un dominateur, d’un exploiteur sans vergogne, d’un impérialiste, d’un suceur du sang des Africains, n’allaient pas prôner de remplacer la France par un nouveau maître, surtout pas la Russie. Encore que nul ne saurait ignorer ce que les Russes ont laissé comme désolation, dégâts et méfaits, partout où ils sont déjà passés avec leurs sinistres mercenaires de Wagner et autres. Je refuse de croire que ces «patriotes autoproclamés», à la sincérité si touchante (il faut le leur concéder), qui veulent l’indépendance politique, économique et financière de notre cher Sénégal, ne souhaiteraient point que leur pays tombe dans la catastrophique situation de la Centrafrique, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de la Guinée ou de la Lybie, partout où les Russes ont pignon sur rue.
LE F24, UN REPAIRE DE PUTSCHISTES EN PUISSANCE
Le 1er juin 2023, l’ex-parti Pastef de Ousmane Sonko a publié un communiqué appelant, sans ambages, à un coup d’Etat militaire. Ce communiqué a fait suite à une série de déclarations du genre et d’appels publics, sans équivoque, à l’insurrection, à la violence et au renversement des institutions démocratiques du Sénégal. Aucun responsable politique ou une personnalité membre des organisations de la Société civile affiliées au F24 n’a daigné relever cela pour le déplorer, encore moins le dénoncer. Au contraire, ils continuent tous à hurler avec les loups. Mais le meilleur aveu qu’ils sont des putschistes en puissance et des insurgés insurrectionnels, est qu’ils demandent la libération de personnes qu’ils affublent de la dignité de «détenus politiques». Pourtant, les personnes arrêtées et emprisonnées ont relayé les appels au putsch, à l’insurrection et/ou ont posé des actes pour la réalisation de tels funestes desseins fixés par Ousmane Sonko. Dans leur entendement, c’est encore faire de la politique, en grands démocrates sans doute, que d’appeler au coup d’Etat et à l’insurrection, de jeter des cocktails Molotov dans des bus bondés de passagers et ainsi causer des morts atroces, de brûler des universités et des édifices publics, des domiciles habités et des commerces, de saccager des infrastructures vitales du pays en vue de provoquer un chaos, de menacer les juges et les journalistes et autres adversaires politiques et d’attaquer les Forces de défense et de sécurité ! Dans tout autre pays au monde que le Sénégal, les auteurs de tels faits sont considérés comme des terroristes, et traités comme tels.
Mais des membres du F24 se sont montrés plus vils. N’ont-ils déjà applaudi bruyamment les putschs militaires au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, au Niger et la tentative de renversement du Président de la Guinée-Bissau au lendemain de son élection. Parmi eux, il y en a qui ont poussé l’indécence jusqu’à dire que le Sénégal risque de connaître les mêmes situations. Et ils s’y préparent. D’autres ont eu le culot de caricaturer l’Armée sénégalaise comme des troupes «peureuses» qui sont beaucoup trop dans les rangs. Jugeons-en ! Les putschs militaires dans ces pays se sont déroulés selon un schéma immuable. La propagande anti-française et de discrédit des autorités politiques démocratiquement élues est déroulée dans un premier temps. C’est après que des drapeaux russes sont brandis à l’occasion des manifestations publiques et l’idée d’un putsch imminent est distillé de manière insidieuse, pour préparer les esprits, les acclimater à la perspective d’un coup d’Etat, jusqu’à ce qu’enfin le forfait finisse par être réalisé. Au Sénégal, le même plan est en train de se dérouler. Lors de la marche du F24 de ce vendredi 27 octobre 2023, des drapeaux russes ont flotté sur la tête de marcheurs et l’apologie du coup d’Etat a été faite publiquement et sacrilège, d’aucuns ont osé lâcher : «Vaut mieux un régime militaire que la dictature de Macky Sall !» Le décor est bien planté. Ils ne se sont pas limités à cela. Avant la marche, les réseaux sociaux ont fait circuler la fausse rumeur de la mort de Ousmane Sonko, histoire de chauffer les esprits. Et pendant cette marche du F24, la folle rumeur d’un coup d’Etat en cours au Sénégal a gagné de nombreux milieux.
Un grand économiste sénégalais, qui se trouvait dans une conférence internationale à Nairobi, désemparé, a dû interrompre ses activités pour sortir de la salle et appeler au Sénégal pour être édifié sur le putsch qu’on disait en cours. Un de ses compatriotes, très connu dans les milieux du trading des hydrocarbures, a fait circuler ce message d’alerte sur un coup d’Etat qui serait en cours au Sénégal. L’émoi suscité est énorme, mais on peut considérer que c’était fait à dessein.
Dans le même sillage, il a été produit et publié sur le web africain, et notamment sur Facebook, une dizaine d’articles s’interrogeant sur l’exception sénégalaise, un pays «à l’abri des coups d’Etat, malgré le potentiel énorme en hydrocarbures» qui pourraient se révéler une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Des vérifications de compatriotes, très actifs sur les réseaux sociaux, montreront que tous ces articles venaient des mêmes plateformes et avec les mêmes éléments de langage. De telles attitudes auraient laissé indifférent, s’il n’y avait pas eu des précédents comme Cambridge Analytica ou toutes les interférences pour détourner les opinions publiques aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et même en Afrique.
Le même jour, des milieux du F24 ont fait traduire et faire partager le chapeau d’un article du journal britannique «The Economist» qui s’inquiète de l’exposition du régime de Macky Sall à un coup d’Etat militaire. L’objectif de faire du «bashing» contre le Sénégal est évident. Lisons ces quelques lignes de ce magazine : «Macky Sall, Président du Sénégal depuis 2012, connaît de plus près que quiconque le fléau des coups d’Etat en Afrique depuis 2020 et les efforts visant à les inverser. Deux des premiers coups d’Etat ont eu lieu au Mali, le plus grand partenaire commercial du Sénégal. Puis il y en a eu un chez un autre pays voisin, la Guinée. Une tentative ratée a suivi en Guinée-Bissau voisine. M. Sall était président de l’Union africaine lorsque les putschistes ont frappé le Burkina Faso pour la deuxième fois en 2022. Et il a joué un rôle de premier plan dans la réponse de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le bloc régional, à chaque coup d’Etat dont un au Niger en juillet 2023. Il est donc inquiétant que lorsqu’on lui demande ce qui peut être fait pour dissuader les coups d’Etat ou ramener les pays à la démocratie, il soit découragé. «C’est difficile, je ne sais pas», dit-il. «Parfois, on s’y perd.».» Qui va croire que cette concomitance de ces faits et actes est gratuite ou simplement fortuite ? Ces opposants, qui se prêtent à ce jeu ou qui se taisent pour ne pas se démarquer de tout cela, ont-ils conscience du grand tort qu’ils font à leur pays ? Leur stratégie est de salir à tout prix et de saper la crédibilité du Sénégal. Ils doivent trouver à qui parler !
Post scriptum : La dépouille d’un présumé homosexuel profanée et brûlée dans les rues de Kaolack
Qu’est-ce qui arrive à ce pays ? La semaine dernière, des associations islamistes ont mis en place une police privée, à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, pour soumettre à une amende, des étudiantes qui portent des «bine-bine», des ceintures de perles. Demain, ils vont exiger de changer le nom de baptême de leur université !
La dépouille d’un homme n’a pu trouver une sépulture digne, ballotée entre Touba et Kaolack, où on lui refuse jusqu’à y être enterrée. Voilà que l’inhumanité a été poussée jusqu’à aller le déterrer et le brûler dans les rues de Kaolack, devant une foule joyeuse. Qui sait s’il n’y aurait pas dans la foule d’excités, des gens qui s’adonnent aux mêmes pratiques ? Les autorités de l’Etat ont fini de faire montre de leur frilosité sur des questions de ce genre. C’est peut-être trop demander aux organisations de défense des droits humains d’élever la voix pour s’indigner devant ce sordide spectacle ! J’allais oublier, ce n’est pas le cadavre d’un «détenu politique» qui a été ainsi profané !