La plume est à vous: Sur l’allocution de M. le Président du 25.09.2024 à l’AG des Nations unies. (Serigne Chouébou DIONE)
J’invite mes compatriotes à réécouter la première allocution de l’ancien Président à l’AG des Nations unies en 2012 pour mieux appréhender celle du 25 septembre 2024.
Hier (2012) comme aujourd’hui (2024) la diversité est martelée pour rappeler qu’une civilisation ne doit pas prévaloir sur une autre. Toujours, donc l’agenda LGBTQI est mis en cause.
Hier comme aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme dans le Sahel et en Afrique en générale est remise sur la table.
Hier comme aujourd’hui la nécessité de partenariats équitables avec le Continent est martelée : “traiter avec l’Afrique” et non “traiter de l’Afrique” (sous-entendu, sans les Africains).
Hier, comme aujourd’hui, la critique d’un “ordre mondial” (2012) ou de la “gouvernance mondiale” (2024) est au rendez-vous.
Hier, comme aujourd’hui, la position du Sénégal sur le conflit israélo-palestinien est réaffirmée.
Hier, comme aujourd’hui, le problème des inégalités dans le monde est rappelé.
Hier, comme aujourd’hui, la place de l’Afrique dans les instances de l’ONU est questionnée.
On pourra néanmoins remarquer qu’en 2024, le Président insiste sur une urgence de réformer le FMI, la Banque Mondiale pour une adaptation avec des réalités à dûment prendre en compte. Mais sur ce point, consultez les postures de Abdoulaye WADE devant la même AG réunie.
Hier comme aujourd’hui le Président y met le ton grave. Il ne s’agit pas de minorer l’importante allocution de Monsieur le Président Bassirou Diomaye FAYE.
Loin de là, j’ai entendu dire qu’en diplomatie, les mots sont les événements. Et, en la matière, j’ajoute que les mots ne sont pas que les paroles sinon aussi les gestes (un échange gestuel désagréable entre Chefs d’État pouvant refroidir des relations diplomatiques et inversement).
Sur ce point, nous nous réjouissons de la stabilité des positions diplomatiques majeures du Sénégal. La continuité de l’Etat y est pour quelque chose. Mais on perçoit aussi la persistance, voire le caractère endémique des problèmes qui secouent le monde au XXIe siècle.
Il s’agit plutôt de convoquer la PROFONDEUR HISTORIQUE dans l’évaluation de l’allocution d’hier. Je vous invite même à corser l’exercice comparatif en remontant à la première allocution du Président Abdoulaye WADE à l’AG des Nations Unies au début des années 2000.
En fin de compte, les jeunes qui ont accompagné l’ancien Président à son accession au pouvoir ne trouveront pas si historique l’allocution de 2024 (sans compter que le développement des réseaux de communication de masse rend plus accessible qu’hier ce genre d’événement). De la même manière que les jeunes de 2000 n’avaient pas trouvé si historique l’allocution de 2012. Ainsi vont les choses. Je veux dire par là que les nouveaux Présidents (notamment ceux qui se réclament de la rupture: et ce fut le cas des trois derniers) expriment avec ardeur des positions courageuses lors de leur première prestation au concert des nations Le Sénégal démarre, depuis 2000, sur une pente courageuse. Qu’il y reste. Et la moyenne d’âge baisse d’une date à l’autre. Ce n’est pas rien.
La vraie différence et “l’historicité”, à mon avis, se trouve donc ailleurs. Mon espoir vis-à-vis du régime actuel, c’est que je crois le Président Bassirou Diomaye FAYE plus sincère dans la démarche que ses prédécesseurs (la jeunesse et l’innocence étant ici des avantages). Tout comme, je vois en son Premier Ministre, M. Ousmane SONKO la sincérité du Chef de Gouvernement Mamadou DIA (qu’il repose en paix). Pour moi, la valeur ajoutée se trouve ici.
Le caractère historique de l’allocution d’hier, je vais l’apprécier rétrospectivement. L’histoire n’est-elle pas écrite bien après les événements ?
C’est seulement dans quelques années que l’on pourra véritablement voir le saut qualitatif et voir en cette allocution un déclic national sur le plan international.
Pour qu’un pays pèse de tout son poids aux Nations Unies, sa respectabilité diplomatique est importante (le Sénégal l’a toujours été) mais insuffisante. Influer sur la gouvernance mondiale passe aussi et nécessairement par un développement fulgurant du pays “influenceur”.
Si donc, au lendemain de la prise de parole du Président aux Nations Unies, le nouveau régime fait un point de presse en prélude au lancement officiel du référentiel Sénégal 2050, l’espoir qu’il a compris cela est permis.
Il n’y a qu’à lire l’article du Monde Diplomatique de ce mois de septembre intitulé “En Afrique de l’Ouest, le panafricanisme rime désormais avec “dégagisme””, pour voir l’ampleur de la défiance internationale dont nous serons susceptibles de faire l’objet.
En 2012, le Président a critiqué les coups d’État militaires, rappelant sa conviction que la place d’un militaire est dans les casernes. Le Sénégal est l’exception de la sous-région qui a enclenché un changement de cap par l’entremise d’un gouvernement civil.
Pour ma part personnelle, j’ai le profond sentiment qu’à l’épreuve des défis de notre temps, nous aurons une note honorable voire plus qu’honorable. Qu’ALLAH nous assiste et fasse que nos bonnes aspirations connaissent le succès.
Serigne Chouébou DIONE
Touba, le 26 septembre 2024.