La plume est à vous : Pour une mise au point importante en raison de remarques que j’entends beaucoup sur ma personne et la politique. (Serigne Chouébou DIONE)
On me considère comme un acteur politique du régime actuel. Je le comprends. Mais cela me dérange. Je vous donne les raisons ci-dessous :
Voici les faits. Je suis centré sur mes propres activités professionnelles, que j’ai conçues en rapport avec les besoins de notre pays bien avant l’élection de M. Bassirou Diomaye Faye.
Ma position idéologique était simple : voir en l’entrepreneuriat à la fois une activité lucrative et un moyen de développement. En d’autres termes, en faire le moyen de mon KAZBUL HALAAL (fàggu lu lew) et de ma XIDMA (jaamu Yàlla ci jaam’i Yàlla yi).
Après tout, l’État lui-même n’est-il pas, à bien des égards, une entreprise publique que, d’ailleurs, on cherche de plus en plus à gérer selon le système managérial de l’entreprise privée ?
Ne sont-ce pas des multinationales (donc des entreprises privées) ayant des budgets supérieurs à ceux de bien des Etats, qui, souvent, influencent les décisions politiques de ces derniers ? Méditez sur ce phénomène, que la science politique et la théorie constitutionnelle devront tôt ou tard appréhender avec plus de sérieux qu’elles ne le font actuellement.
Quant à mon engagement politique, c’est un secret de polichinelle.
Ma vision selon laquelle Politique = jaamu Yàlla (= Xidma), je l’ai acquise bien avant de découvrir Ousmane Sonko ou Bassirou Diomaye Faye.
Bi ko ñu bari di seexlu laa fonku Politig.
L’histoire a voulu qu’il y ait des preuves tangibles de ma posture. Ma déclaration à la RTS à l’été 2017 avait cette teneur : Na nu bàyyi politig bi ñuy seexlu walla di ko def wutukaayu alal walla daraja ! Donc, c’est ma conviction, ni l’un ni l’autre ne sont de bonnes raisons pour s’engager en politique.
Entre 2011 et 2023, j’ai eu un engagement indéfectible pour le peuple sénégalais, pour sa libération du joug du « système », sans avoir besoin de faire partie de PASTEF. En 2019, j’étais dans la coalition JOTNA avec un engagement indéfectible pour le Projet.
Après 2019, le principal obstacle avec PASTEF était, pour moi, sa proximité avec des acteurs tels que Khalifa Sall et Barthélémy Diaz, entre autres. Dans mon for intérieur, quelque chose m’interdisait de faire alliance avec eux. Entendons-nous bien, leur personne ne m’importe pas ici, mais seulement leur rôle et posture historique ainsi que leur passif dans les régimes précédents.
Ces mêmes considérations expliquaient ma tristesse devant les fins “dénigrements” entre Ousmane Sonko et Abdourahmane Diouf durant la campagne des législatives 2022.
Ñi warul a ànd di ànd, ñi waroon a ànd àndunu ba noppi di weccoo kàddu yu ñagas. Xalaas !
A qui l’histoire a donné raison ?
Lorsque l’acteur politique avec qui j’avais cheminé pendant un bon moment décida de rejoindre Bennoo Bokk Yaakaar à la veille du scrutin législatif de 2022, j’ai démissionné de sa mouvance et appelé à voter Yewwu Askan Wi afin de soutenir le “Projet” malgré le soupe-kanja difficile à avaler (non seulement la coalition Yewwi Askan Wi mais encore l’intercoalition Yewwi-Wàllu). Ici encore, à qui l’histoire a donné raison ?
Lorsque Ousmane Sonko a annoncé, en 2022, sa candidature pour la présidentielle 2024 (sous réserve de l’investiture de PASTEF), j’ai fait un post juste après pour dire qu’il serait mon candidat et que si le régime de M.S s’arrangeait pour lui barrer la route, je m’accommoderais d’une candidature de Guy Marius Sagna.
J’ai enfin acheté la carte du parti le soir où Ousmane Sonko faisait un discours à partir de son lit d’hôpital après qu’il a été gazé, tout seul, dans les rues de Dakar, en l’absence de toutes les autres personnalités politiques qui se réclamaient être ses alliés inébranlables (sur les plateaux TV et radios, mais jamais dans les rues avec lui).
Ce soir-là, mes convictions ne m’autorisaient plus à ne pas accompagner officiellement PASTEF, principal parti incarnant, à cet instant, la résistance et l’engagement patriotique. À ce moment-là, je n’avais ni parti ni mouvement politique à faire rallier. Nul besoin aussi de faire une cérémonie ostentatoire de ralliement pour faire du « voyez-moi, je suis de l’aventure ». Et ce fut le moment le plus critique pour intégrer ce parti, d’autant qu’une mesure de dissolution est intervenue quelque temps après.
Depuis lors, je n’ai jamais demandé quoi que ce soit puisque, en rejoignant ce parti, je n’ai pas eu d’agenda autre que contribuer, à ses côtés, à la résistance contre le système moribond.
Ma seule préoccupation après le changement c’était de pouvoir me concentrer davantage dans mes objectifs professionnels, en espérant du nouveau régime qu’il ouvre des boulevards pour l’expression du talent sénégalais.
Que désormais ku ñaq jariñu est le seul “poste” politique qui véritablement m’importe !
La seule chose que j’ai finalement faite, c’était de proposer ma candidature à la candidature pour les élections législatives. Et je n’ai décidé de le faire qu’après moultes interpellations et incitations de la part de personnes qui me sont très proches et très chères. Et aussi parce que c’est pertinent pour moi de poser ma candidature à la députation comme je le fais depuis 2017. La fonction parlementaire est un moyen politique qui offre une liberté d’action et une tribune pour bien travailler dans les orientations politiques, participer aux travaux de la Haute Cour de Justice, ainsi que vulgariser notre vision sur la chose politique.
Néanmoins, pas de regrets pour diverses raisons.
D’une part, am naa ci ay jàngat yu am solo ci parti politig yi ni ñuy doxee y compris notre PASTEF….
D’autre part, j’ai pu constater que les personnes de PASTEF qui me dérangeaient pour un travail à faire à chaque moment critique de la confrontation avec le « système », soit ne répondaient plus à mes messages, soit le faisaient avec une fine touche de condescendance.
Par ailleurs, ce que j’avais à y perdre c’était d’être obligé de mettre en “stand by” mes projets professionnels qui me sont chers à un stade aussi critique que maintenant.
Par conséquent, dans la mesure où je ne suis, politiquement parlant, associé ni de près ni de loin à quoi que ce soit dans la conduite actuelle du pays, cela me dérange un peu lorsque les différentes personnes que je croise me présentent comme un acteur politique du régime.
D’une part, même si j’ai la carte de PASTEF jusqu’à maintenant (et pour le moment), je suis un simple membre, citoyen qui se déplace (sans besoin d’être invité), lorsque j’ai connaissance d’une activité que je juge suffisamment intéressante pour justifier que je quitte mon travail et m’y rendre.
D’autre part, je découvre les choses comme vous tous et je les commente, si et seulement si, je juge cela nécessaire.
Ce n’est donc pas à moi de rendre des comptes ou justifier une quelconque décision du régime.
Là, présentement, je n’ai rien à critiquer ou à défendre.
Lorsque je juge pertinent de le faire, je n’attends aucune interpellation. Je le fais spontanément, puis je vaque à mes occupations quotidiennes. Spontanément car je souhaite rester toujours défenseur de ce que je crois bon pour mon pays et dénonciateur de ce que je crois nuisible pour lui.
Baaba Maal a dit dans sa chanson LEM GI : “Dans la conduite de la vie, l’essentiel est de connaître sa direction et de savoir s’y tenir”.
Pour clore mon propos voici un conseil que je nous donne, nous citoyens sénégalais :
A Dakar Arena le 19 octobre 2024, M. Ousmane Sonko a dit quelque chose d’important que je ne répéterai jamais assez : “d’après le PROJET, il n’est pas nécessaire d’être nommé ou élu pour participer au développement du Sénégal”.
Alors citoyen sénégalais,
Nommeel sa bopp ci sa yëf’i bopp,
Tey saytu bu baax saa su ne liggéeyu ñi nu fal mbaa nu tabb leen ci li ñépp bokk!
Serigne Chouébou DIONE
Mbacké, le 05 janvier 2024.