Notre pays est malade
Il est très difficile de saisir ce qui nous arrive.
Au Sénégal tout est possible, du plus sordide au plus honteux, du plus futile au plus insensé, absolument tout.
Combien de vieillards ont définitivement quitté ce monde? Combien de célébrités sont décédées ? Combien d’anonymes sont morts de cette abominable pandémie? Combien de familles, d’adultes, de filles et de garçons ont vu leur vie s’obscurcir depuis les couvre-feux restreignant leurs activités vitales à la recherche du minimum pour survivre ?
Il y a quelques décennies, les riches avaient de la compassion pour les moins nantis, pour les plus pauvres.
Dans les familles des moins nantis malgré les difficultés, on continue, lorsqu’on peut cuisiner, à ne pas préparer pour seulement les membres de la famille. Aussi insuffisante qu’elle puisse être, il y a de la place pour le visiteur imprévu, une poignée de main de riz pour le talibé à la recherche de sa pitance, un appel formel à venir manger au voisin.
Il est né une nouvelle caste de Sénégalaises et de Sénégalais, sans pudeur, sans retenue, sans parole, insensibles à la misère, au dénuement et à la souffrance des autres compatriotes.
Ils ont comme devise l’argent n’a pas d’odeur.
Peu importe que ce soit l’argent pour les plus pauvres, les meurt de faim, pour les personnes agonisantes, pour les personnes mortes, pour les corps des victimes de la pandémie, pour les tombes creusées, pour les désinfectants pour empêcher la circulation de la maladie, etc. Aucun argent ne sent l’odeur pestilentielle des morts que l’on enterre en catimini, des morts communautaires, des morts.
Ont-ils une conscience?
Ce sont des animaux-humains, des monstres, que notre pays a produit.
Ces malversations que la Cour des Comptes a mis à nu sont ignobles.
Elles témoignent de la fin de l’humanisme d‘un certain nombre d’autorités qui osent encore braver les regards des Sénégalaises et des Sénégalais. Toute honte bue, elles essaient de tout remettre sur le dos des pauvres DAGE, eux-mêmes victimes de leurs propres cupidités et de leur indignité.
Le mensonge est désormais une valeur qui s’est substituée à la sacro-sainte vérité. Les Sénégalaises et les Sénégalais, petit à petit, sont déshabillés de leurs plus beaux atours éthiques et morales par cette caste de prédateurs sans vergogne, aussi incompétents que voraces, capables de retirer le biberon de la bouche de l’enfant affamé, le linceul du corps de la dépouille et ensuite de se pavaner en ñetti Abdou ou en costume rutilant devant la plèbe qu’ils méprisent.
Ils sont ministres, Directeurs généraux et j’en passe. Ils disent qu’ils sont musulmans ou chrétiens. Cependant la religion ne déteint pas sur eux.
Ils ont leurs griots et leurs laudateurs aussi repus qu’eux.
Ce sont des tiques qui vivent du sang des vivants. Ils sont des malades contagieux et puants. Partout où ils s’approchent, cela sent la puanteur nauséabonde des cadavres en putréfaction.
Les étrangers commencent à beaucoup hésiter avant de venir faire des affaires chez nous. Car ils sont en train de pourrir toutes les institutions.
Combien de compatriotes de la Diaspora ont perdu leur argent, de leurs faits, en venant investir leurs économies dans notre pays?
Allons-nous continuer à vivre ainsi dans cette atmosphère déshumanisante ? Acceptons-nous qu’une caste de vampires continuent à saigner notre population laborieuse et à maintenir inactive sa jeunesse pourtant pleine d’énergie ?
L’Autorité a-t-elle encore une capacité d’indignation, une main juste et un cœur ?
Attendons, observons et constatons !
Peut-être, qu’enfin, demain sera meilleur qu’hier!
Je vous souhaite une excellente journée sous la protection divine.
Saint Louis, mercredi 21 décembre 2022
Mary Teuw Niane