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La plume est à vous – Le « Baay Lahad »: un code vestimentaire cultuel et culturel. (BABOU Bamba)

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Le  Baay lahad est incontestablement,  l’une des valeurs identititaires par laquelle on distingue facilement le disciple mouride.
Si l’origine de ce modèle vestimentaire remonte à une époque un peu plus loin, le baay lahad tel que connu aujourd’hui avec un motif brodé au col jusqu’aux  poches au niveau de la poitrine, une écharpe servant de turban aux bordures  frangées,  est apparu sous le magistère de Cheikh abdoul ahad, troisième khalif de cheikh ahmadou Bamba.
Si, ce modele vestimentaire est intrinsèquement lié à son personnage, il serait intéressant de découvrir le modéliste, le couturier attitré qui a su mettre en évidence ce chef-d’œuvre qui continue de défier le temps en se présentant sous l’apparence d’un code vestimentaire pudique, culturel et cultuel traduisant l’ancrage du disciple à ses valeurs  traditionnelles.
Le Maître tailleur de Serigne, fallou, de Cheikh abdoul Ahad, de serigne souhaybou et de serigne modou aminta fall, n’est autre que  Muhammad ould Aïdara, appelé Baba Aïdara ou baaye Chérif pour les familiers.  Ses origines remontent à  Boutelimit en Mauritanie oú le  Cheikh avait séjourné pour une periode bien  definie.
Son pere Serigne Babacar Aidara un disciple du Cheikh décida de quitter son pays, pour se rendre chez Ahmadou Bamba qui, entre temps etait revenu de son exil de la Mauritanie pour s’installer à Thiéyenne  joloff.

Quand il arriva à Thiéyenne,
le cheikh avait déjà quitté cet endroit en destination de Diourbel.

Babacar Aïdara y resta une courte periode  et c’est de Là-bas qu’est né, Baaye cherif Aidara en 1914.
A son jeune âge, il décida d’apprendre le métier chez un maitre tailleur.
Baay Chérif, avait l’habitude de rappeler qu’en effet, le métier de tailleur était une sorte d’inspiration afin de servir uniquement et exclusivement le cheikh ahmadou Bamba.
Le premier jour, il regarda son maître, faire la coupe et l’assemblage du tissu, le deuxième jour, il vint à l’atelier avec son propre tissu et commença à reproduire la même chose, avec une perfection qui laissa le maître dans une stupéfaction indescriptible. Ce dernier lui posa la question  de savoir , s’il était déjà un maître tailleur qui était venu se perfectionner, tellement  sa prestation était digne d’un as du métier. Un don, serions-nous tentés de dire, mais pour baaye Chérif, ceci,  n’était autre qu’une préparation en vue d’œuvrer pour serigne Touba, à travers la confection  d’habits destinés à son Khalifa d’alors.

 

Faut-il le rappeler, il n’a jamais eu à attendre une contre partie financière ou autre forme de rétribution pécuniaire pour les coutures qu’il faisait pour le compte du khalif, il se contentait de tendre les mains et de recevoir des prières  après avoir remis les boubous confectionnés.
Sa connaissance avec Baay lahad.

Serigne cheikhouna ibn serigne abdoul ahad temoigne ce qui suit :<< Un jour, Serigne Fallou avait fait appel à Cheikh abdoul Ahad, et lui remet  une valise remplie de tissus ainsi qu’un boubou dejà confectionné en guise de modèle. Il lui demanda, s’il  connaissait, son tailleur à Mbacké, Baba Aidara, au cas contraire, qu’il passe chez El hadji Youssoupha Babou, et une fois là-bas, ce dernier va lui mettre en contact avec Baba aidara.
Ce qui fut fait et, c’est  ainsi que  debuta une relation de confiance féconde entre serigne abdoul ahad et Baba aidara qui devient son couturier attitré  après  Serigne Fallou  Mbacké, puis serigne souhaybou et Serigne modou Aminata Fall, l’ancien khalife des baaye fall qui  ont tous  marqué leur adhésion en faisant de lui, leur modéliste durant tout le restant de leur existence.
Il recevait de Cheikh abdoul ahad des lots de tissus contenus dans des valises.
Son travail, il le faisait à la perfection, et était empreint de piété et de spiritualité avec une rigueur jamais égalée. Il disposait d’un tapis spécial sur lequel il faisait la découpe des  tissus de ses propres mains.
Déjà dans  l’atelier, personne n’osait entrer avec des chaussures à l’intérieur,  ses apprentis essentiellement composés de ses propres enfants et petits enfants, sont soumis à la rigueur d’être en état de pureté et une fois le travail de découpe et d’assemblage commençait, personne n’y sortait si ce n’est pour renouveler ses ablutions ou effectuer la prière.
Quand, il arrivait le moment, de confectionner, les franges des écharpes, dont le travail était souvent dédié aux vielles femmes  en guise de « Barkelu », c’est lui, baaye Chérif qui procédait à la sélection,  il n’était pas donné à n’importe qui de participer à ce travail.
Un jour, Serigne Fallou avait fait appel à lui,  alors qu’un  de ses disciples  lui avait amené un boubou déjà cousu.
Il confia, à Baay Chérif, le soin de le défaire et de le reprendre car, Serigne Fallou lui fit savoir, qu’il est dans  l’impossibilité de porter un boubou que lui même n’avait pas cousu.
c’est ainsi, qu’il  lui demanda d’enlever entièrement les fils et de le recoudre.
Son atelier de couture, situé à droite de l’entrée du marché de Mbacke a été choisi par Serigne Fallou, Mbacké qui était venu en personne procéder à la bénédiction  du lieu et c’est  lui même qui avait acheté la première machine à coudre  de baaye Chérif.
Serigne Modou aminta Fall, était tres habitué à fréquenter Baaye cherif dans son atelier et que ce dernier, se plaisait de  lui préparer du thé en guise d’hospitalité. Le khalif des baaye Fall de l’époque, avait même confié ses propres talibés à Baaye cherif afin,  qu’ils apprennent le métier de tailleur auprès de lui.
Derrière son métier de tailleur se cachait, un personnage atypique, un soufi résolument tourné vers la quête du seigneur très haut.  On raconte que , quand son père  est décédé en 1922 à Diourbel, il  fut amené  auprès de Cheikhoul Khadim, qui l’avait pris à ses côtés  et posa longuement ses mains sur sa tête.
Baaye cherif, aimait dire que, c’est à cause de cela, qu’il n a jamais eu de cheveux au milieu de son crâne.
Baaye Chérif a été confié à Serigne affé Mbacké par  cheikh Ahmadou Bamba.
Son petit fils babacar Babou, nous raconte qu’un jour, il le trouva gravement malade,  il avait de la peine pour son grand père, ce dernier, à travers un sourire, lui dit : <<tu penses que je vais mourir,  non,  mon heure n’est pas encore arrivée , Cheikh abdoul ahad, m’a déjà prédit le nombre d’années qui me reste à vivre,  et suis encore loin de ce décompte. Rassures-toi.>>
Baaye cherif, fut rappelé à Dieu à Darou Salam, le mois de Novembre 2000 correspondant au premier rajab 1421 de l’hégire,alors qu’il était âgé de 86 ans.

Qu’Allah  (swt) soit satisfait de ses œuvres.

 

BABOU Bamba

Baboubamba@gmail.com

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