Le jeune-frère de la victime n’est pas convaincu par la version officielle sur les circonstances de la mort de son aîné. Reconstitution des faits. Avec quelques détails troublants.
En poste au commissariat central de Matam, le policier Ousseynou Sylla est mort en manipulant son PA (Pistolet automatique). Il «s’est malencontreusement tiré une balle à la cuisse à la suite d’une fausse manœuvre de son arme de service». Ça, c’est la version officielle.
Le drame s’est produit vendredi dernier. D’après le récit de L’Observateur, l’agent de police s’est présenté ce jour-là , vers 14 heures, au niveau du magasin de stockage des armes du commissariat qu’il avait intégré environ un mois plus tôt. Le responsable des lieux lui ouvre le chemin et il s’empare d’un nouveau PA.
Celui-ci, souligne le journal, devait servir pour les tests qu’il devait passer dans quelques semaines pour intégrer la Brigade d’intervention polyvalente (BIP), la troupe d’élite de la police. En manipulant l’arme, qui était chargée, Ousseynou Sylla, se tire une balle à la cuisse.
Le policier commence à se vider de son sang. Ses collègues interviennent et l’évacuent aux urgences de l’hôpital régional de Matam. Les médecins contiennent l’hémorragie avant de lui faire subir au niveau de la cuisse touchée une intervention chirurgicale.
L’Observateur, qui cite les collègues du défunt, rapporte que tout semblait aller pour le mieux. Mais, signale le journal, «quelques instants après cette opération le policier verra son état de santé se détériorer rapidement au point qu’il plonge dans le coma».
La même source renseigne que devant l’abondance de l’hémorragie du policier, les médecins décident de lui faire un don de sang. Problème : la banque de sang se trouve à Ourossogui.
Face à l’urgence de la situation, des policiers du commissariat central de Matam se portent volontaires pour donner de leur sang à leur collègue. En vain.
Ousseynou Sylla succombera à sa blessure le lendemain de l’accident, à 4 heures du matin. Le journal du Groupe futurs médias précise que les responsables de l’hôpital de Matam étaient sur le point de l’évacuer à Dakar.
L’Observateur informe que le directeur de l’établissement de santé, Dr Arona Ndiaye, joint par téléphone, a contesté le récit des sources du journal. Sans donner sa version des faits.
Ce mutisme jette davantage le trouble sur la version officielle servie à propos des circonstances de la mort du policier. Petit-frère de la victime, Adama Sylla, étale ses doutes dans les colonnes de L’Observateur.
Avant la toilette mortuaire suivie de l’inhumation de son aîné, samedi dernier à Kolda, il a bien examiné la dépouille ; ce qui, selon lui, avait été interdit à la famille à l’hôpital de Matam.
Il est intrigué par un détail : «J’ai remarqué un morceau de coton enfoui entre son bas-ventre et sa jambe gauche. Ce qui laisse présager que c’est là que la balle est passée. J’en déduis que la partie droite avec des points de sutures n’est juste qu’un prétexte pour les médecins soignant pour nous faire croire que c’est la partie endommagée par la balle. Ce qui, à mes yeux, est une manie inadmissible.»
Adama Sylla ajoute : «Au moment du bain mortuaire nous avons constaté aisément que c’est son côté gauche qui a été touché par la balle et non le côté droit, comme le médecin de l’hôpital de Matam ont voulu nous le faire croire. Fort de toutes ces incohérences, j’ai bien des doutes sur les circonstances troublantes de la mort de mon frère. Il y a heureusement des témoins oculaires qui peuvent confirmer mes propos.»
Le frère du policier décédé a voulu prendre des photos de la dépouille, mais l’imam et des notables l’en ont dissuadé, expliquant «que cette pratique est formellement bannie par la religion».
Ousseynou Sylla repose au cimetière musulman de Kolda. Il laisse derrière lui une femme (policière comme lui) et deux enfants. Il était âgé de 33 ans et faisait partie de la 42e promotion de l’école de police.