Le mouvement de grève déclenché mardi par certains syndicats de transporteurs est peu suivi dans les gares du centre-ville de Dakar, où les usagers n’éprouvent pas beaucoup de difficultés dans leurs déplacements.
En ce début de matinée, quelques nuages parsèment le ciel au dessus de la gare Lat-Dior.
Balla Moussa Sanogo, chauffeur d’un minibus de marque Tata, a fini de s’installer dans la cabine de conduite de son véhicule qui fait la navette entre la ville de Dakar et celle de Rufisque.
La main gauche sur le volant, la main droite sur le levier, les pieds appuyés fermement sur l’embrayage, le conducteur s’apprête à reprendre la route.
A la question « Vous n’êtes pas en grève ? », il répond d’un signe négatif de tête.
Le bus vrombit, laissant s’échapper dans l’atmosphère, une fumée âcre et noire.
Malgré la pression que lui mettent certains clients qui s’impatientent de voir le minibus prendre la route, Moussa prend le temps de glisser quelques mots à l’endroit de l’État et des transporteurs.
“Il faut une discussion sérieuse entre les deux parties. Cette grève ne sert à rien. Il y a des gens qui travaillent au quotidien pour nourrir leurs familles », lance-t-il, avant que le minibus ne s’ébranle en direction de la banlieue dakaroise.
Comme lui, Racine, dont le « car rapide » assure depuis huit ans le transport de passagers entre la gare Petersen, dans le centre-ville, et la commune de Grand-Dakar, a lui décidé de boycotter le mot d’ordre des transporteurs grévistes.
« Dans ce secteur, (…), il n’y a pas union, il n’y a pas non plus de concertation. Je travaille tout espérant que les deux parties vont trouver une issue favorable pour nous », explique-t-il.
Assis dans l’habitacle d’un véhicule vétuste stationné au milieu de la gare, un client vêtu d’une tenue traditionnelle confie n’avoir « pas ressenti les effets de cette grève ».
« Je ne ressens pas la grève. Quand je me suis réveillé, je n’ai pas eu de problème pour avoir un moyen de transport », déclare avec un brin de sourie cet homme qui a choisi de garder l’anonymat.
A Lat-Dior, l’ambiance est celle des jours ordinaires. Le ballet des véhicules qui entrent et sortent de la gare est incessant. L’endroit est empli d’un brouhaha faits d’éclats de rires et de voix.
« Il faut négocier avec l’État. Nous travaillons avec lui, donc nous ne pouvons pas prendre une décision unilatérale. Il faut travailler et continuer le dialogue avec l’Etat », soutient Mamadou Moustapha Ba, commissaire aux comptes de la gare Lat-Dior.
Un léger impact à la gare Petersen
A la gare Petersen, l’impact de la grève des transporteurs est légèrement perceptible, malgré la présence de bus Tata de la société AFTU et d’autres véhicules qui roulent comme à l’accoutumée.
« Les bus Tata ne font pas partie de la grève. Concernant les cars +Ndiaga Ndiaye+, il y a une partie qui travaille et une autre qui suit le mot d’ordre de grève », explique Matar Diallo, le chef de gare.
Il note toutefois que des informations lui reviennent « selon lesquelles il y a des jeunes qui bloquent certains cars +Ndiaga Ndiaye+ et les empêchent de travailler ».
La grève a cependant affecté certains usagers des transports en commun, qui ont peiné ce matin à rallier leur lieu de travail.
« J’ai eu quelques difficultés à trouver un véhicule. J’habite Les Maristes. Je prends souvent le bus Tata de la ligne 40, mais avec la grève, il était bondé ce matin. J’étais obligé de prendre un taxi », raconte Alioune Mbaye.
Des mécaniciens et techniciens réparant des cars « Ndiaga Ndiaye » se disent eux aussi impactés par cette grève.
« Je suis soudeur, les autres sont des mécaniciens. Nous travaillons tous avec les cars +Ndiaga Ndiaye+. Donc, si une partie [de leurs conducteurs] est en grève, cela va forcément impacter nos revenus journaliers », confie un jeune soudeur qui a choisi de garder l’anonymat.
La plupart des usagers et des acteurs du transport rencontrés plaident pour un dialogue entre l’Etat et les syndicats, pour trouver une solution définitive aux revendications des grévistes.
Ces derniers protestent contre la vingtaine de mesures prises par le gouvernement pour renforcer la sécurité sur les routes sénégalaises.
Ces mesures ont été annoncées à la suite de l’accident de Sikilo, dans la région de Kaffrine, où 42 personnes sont mortes le 8 janvier dans la collision entre deux bus de transport en commun.
Lundi dernier, 22 autres personnes ont péri dans un accident survenu à Sakal, dans la région de Louga, et impliquant un car de transport en commun et camion.