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Giorgia Meloni fait ses grands débuts internationaux à Bruxelles

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La nouvelle présidente du Conseil italien s’apprête à rencontrer, sans hostilité ni complexe d’infériorité, ses partenaires européens.

La nouvelle présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, est parfaitement consciente de l’importance décisive que revêt sa visite, ce jeudi, à Bruxelles. Un déplacement éclair et très intense, au cours duquel elle rencontrera les trois piliers de la grande famille européenne: la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, le président du Conseil européen, Charles Michel, ainsi que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Ce tout premier voyage à l’étranger, après sa nomination par le chef de l’État, Sergio Mattarella, représente un véritable baptême du feu et une opportunité de reconnaissance internationale qu’elle ne veut, en aucun cas, gâcher. Or, la nouvelle cheffe de l’exécutif italien, première femme à diriger le Palais Chigi, sait pertinemment que les partenaires européens de la Péninsule ont les yeux braqués sur Rome et sur les orientations politiques du nouvel exécutif national. La « révolution conservatrice », à laquelle Giorgia Meloni (leader de Fratelli d’Italia) aspire, a réveillé les inquiétudes de tous ceux qui, à l’échelle internationale, s’étaient habitués au progressisme européiste et au rassurant sens de l’équilibre affiché par l’ancien chef du gouvernement, Mario Draghi.

Le style fièrement souverainiste de l’égérie de la droite radicale italienne ainsi que ses attaques, parfois féroces, formulées, au cours des dernières années, à l’égard des instances européennes et de leurs stratégies, voire de la monnaie unique, ont ainsi été perçus à Bruxelles comme le prélude d’une nouvelle accélération de ce qui est souvent désigné comme « le grand retour des nations ».

Un nationalisme teinté d’extrémisme, selon les détracteurs du nouveau gouvernement italien, voire de nostalgies fascistes. Une perception alimentée, selon l’opposition de centre-gauche de la Péninsule, par certaines décisions que la présidente du Conseil et son exécutif viennent d’adopter. C’est, en effet, un brassard nazi, porté au bras par un député de Fratelli d’Italia au cours d’une fête privée organisée en 2005, qui a plombé sa récente nomination au poste de ministre délégué aux Infrastructures. Cette désignation « représente une indécence vis-à-vis de la Constitution, la mémoire, l’histoire et les victimes du svastika! », a protesté Marco Furfaro, député du Parti démocrate (PD).

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Mesures contre les rave parties

De même, les nouvelles mesures prises par l’exécutif pour sanctionner lourdement les participants des rave parties ont jeté l’opposition dans le désarroi. « Il s’agit là d’une erreur gravissime. C’est la liberté des citoyens qui pourrait être mise en péril », a déclaré Enrico Letta, secrétaire du PD, craignant que cette législation soit utilisée pour réprimer le droit de manifester des Italiens.

Pour ces raisons, Giorgia Meloni arrivera à Bruxelles habitée par un objectif à la fois clair et ambitieux: rassurer tous ses interlocuteurs. Et pour le faire au mieux, elle n’a cessé, depuis sa nomination, d’affirmer son soutien à la cause ukrainienne, dans le plein respect de la ligne promue par l’Union européenne. Sous sa direction, l’Italie s’apprête, en effet, à autoriser sa sixième livraison d’armes à Kiev. Une posture sincère, que Meloni a défendu même lorsqu’elle était dans l’opposition, et qu’elle continue à défendre malgré les divergences béantes qui l’opposent, à ce sujet, à ses propres partenaires de coalition, le capitaine de la Ligue, Matteo Salvini, et le président de Forza Italia, Silvio Berlusconi. Ces derniers n’ont, en effet, cessé de ressasser, ces derniers mois, leurs anciennes affinités électives avec le président russe, Vladimir Poutine.

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C’est aussi sur le front des politiques économiques que Giorgia Meloni s’engage à suivre les orientations de Bruxelles. Une tâche qui pourrait s’avérer plus facile que prévu: malgré les apparences, elle s’inscrit, à bien des égards, dans le sillage de son prédécesseur, elle en épouse la « prudence budgétaire » et en a souvent loué les efforts entrepris pour la mise en marche du plan de relance national. « Il n’y a aucun risque de mise en danger du plan de relance: nous avons deux mois devant nous pour respecter les engagements pris envers la Commission européenne, et analyser les éventuels dossiers à perfectionner », a laissé entendre la présidente du Conseil.

Un respect de l’orthodoxie communautaire et une circonspection politique qui lui ont valu les pires critiques de la part de l’opposition: le leader du Mouvement 5 étoiles, Giuseppe Conte, est allé jusqu’à l’accuser d’avoir mis en place un « gouvernement Draghi bis ». Or, cet étonnant sens de la précaution ne se traduit, toutefois, pas en une prédisposition à la subalternité. « L’Italie fera entendre, haut et fort, sa voix. Nous ne concevons pas l’Union européenne comme un cercle élitiste constitué de membres de premier rang et de membres subalternes », a affirmé Meloni.

Critiques de la BCE

C’est ainsi qu’elle n’a pas hésité à critiquer, fin octobre, le resserrement monétaire voulu par la Banque centrale européenne, à même, selon elle, de compromettre la croissance. La présidente du Conseil s’est aussi déclarée prête, dans une singulière symbiose avec le président français, Emmanuel Macron, à « apporter sa contribution pour changer les règles qui n’ont pas fonctionné, en commençant par le pacte de stabilité et de croissance ».

Et c’est avec un vrai sentiment d’urgence qu’elle a annoncé ses prochaines décisions en matière économique – une réforme des retraites, un nouveau programme d’aides aux ménages et aux entreprises accablés par la crise énergétique, un taux d’imposition unique de 15% sur les revenus jusqu’à 100.000 euros pour les travailleurs autonomes, une refonte du revenu citoyen, l’introduction d’une « clause de sauvegarde de l’intérêt national » régulant les concessions d’infrastructures publiques… – tout « en s’engageant à respecter les règles communautaires » en matière financière et budgétaire.

 

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