Entre politiques mensongères et laxisme juridique, le tabac en profite pour faire des ravages sanitaires et économiques
On le qualifiait de problème de santé publique, « le tabagisme est maintenant une épidémie ».
En plus de donner la maladie, le tabagisme donne la mort. Oui, le tabac tue !
Le tabagisme a des externalités négatives sur le fumeur, sur son entourage et sur sa société globalement.
« Le tabac peut affecter toutes les parties du corps humain. Les maladies dérivées du tabagisme sont au nombre de 23 ». L’alerte est du cancérologue Abdoul Aziz Kassé qui dirige le centre international de cancérologie de Dakar.
Ces chiffres bien de chez nous qui font droit dans le dos
Notre pays totalise environ 600 000 fumeurs selon les chiffres donnés par les organisations de lutte contre le tabac. Dans notre pays, des chiffres (non actualisés) font état d’un demi-million (6%) des adultes qui s’adonnent au tabagisme avec 11% d’hommes et 1,2% de femmes.
Le tabagisme tue la moitié des fumeurs.
Selon le cancérologue Abdoul Aziz Kassé, dans 25 ans 300 000 fumeurs vont mourir du tabagisme.
Plus grave, Dr. Kassé martèle : « les fumeurs tuent des non-fumeurs » du fait de ce qu’on peut qualifier de tabagisme passif dont ces derniers en sont victimes
Notre arsenal juridique permet-il de faire face au tabagisme ?
Au mois de Mai 2003 à Genève, notre pays avait ratifié la Convention Cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte contre le tabac. Celle-ci imposait à l’état du Sénégal une obligation de transposer la convention dans son droit positif interne. Donc, l’adoption de lois devait nécessairement être la prochaine étape. Cette étape n’a eu lieu qu’au mois de mars 2014, soit plus d’une décennie après.
La loi 2014-14 datant du 28 mars 2014 fut adaptée. Elle est relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac. Cette loi qualifiée comme l’une des meilleures dans le monde et qui avait mobilisé beaucoup de ressources peine jusqu’ici à être promulguée. Aucun décret d’application, « faute de volonté politique ou une pression de l’industrie du tabac » commentent certains.
La seule chose pour le moment que le Sénégal a réussi est l’inscription de 70% de messages sanitaires sur les paquets de cigarettes. Une disposition décourageante certes mais pas dissuasive.
A l’échelle mondiale
Aujourd’hui dans le monde, « il y a environ 1 Milliard 400 mille fumeurs dont la moitié est condamnée ». Parmi les fumeurs que compte le monde, « 8 millions meurent chaque année ». Et malheureusement, « ils emportent avec eux 1 million 200 mille non-fumeurs ». À titre de comparaison, le paludisme considéré comme un fléau tue 600 mille personnes. Avec la calculette, on découvre facilement que le tabagisme tue presque trois fois que le paludisme.
La politique mensongère de l’industrie du tabac comme stratégie
L’industrie du tabac trompe les fumeurs à travers les produits dits « émergents ».
La nouvelle tendance attire du monde notamment les plus jeunes. Aujourd’hui le tabac est présenté sous forme de Chicha, Puf et cigarettes électroniques. Cette tendance introduite dans l’univers du fumeur entraine l’addiction. « Ces formes d’usage alternatif sont aussi dangereuses » que le tabac. À titre d’exemple, une session de chicha qui dure en moyenne entre 45 et 60 minutes pour un volume total de fumée inhalée de 40 à 100 litres contient autant de goudron que 40 cigarettes.
Vivement la promulgation de la loi pour que justice soit au moins rendue aux non-fumeurs dans une un pays où la cigarette crève le budget du fumeur qui dépense en moyenne 6 700 francs CFA/mensuel selon les chiffres de l’Agence Nationale de la Statistique et de la démographie.
Abdoulaye Diagne