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Entre irrégularités, insécurité, programmes inadaptés et manque de volonté politique : Qui pour sauver la migration africaine ?

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À l’instar de la communauté internationale, le Sénégal célèbre ce 18 Décembre, la journée internationale des migrants. Une journée qui commémore l’adoption le 18 décembre 1990, par les Nations-Unies de la convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles. Une célébration qui n’enlève en rien la recrudescence et les conséquences multiples de la migration irrégulière en Afrique où des franges jeunes de la population continuent de perdre la vie dans des conditions atroces, soit dans la mer ou dans les routes. D’où l’impérieuse nécessité de sévir dans une synergie d’actions politiques et programmes pour mettre fin à la pratique de la migration irrégulière et encadrer le mouvement des personnes et des biens en Afrique et un peu partout dans le monde.

« Des politiques consensuelles et concordantes »

Pour le professeur Bouba Diop, du réseau sur la migration et le développement, la célébration de la journée internationale des migrants doit être une tribune d’interpellation des gouvernants sur les politiques migratoires afin d’apporter des réponses adéquates au phénomène de la migration irrégulière ou encadrée et de toutes les autres questions qui tournent autour de ce sujet plus que d’actualité. De ce point de vue, le Pr Bouba Diop reste convaincu que seules des politiques consensuelles et concordantes pourraient aider les migrants à sortir de l’ornière.

« Le phénomène migratoire est un phénomène constaté et qu’on ne peut pas arrêter. L’être humain est à la fois nomade et sédentaire. Donc tout ce que l’on doit faire c’est d’encadrer ces déplacements, voir comment les structurer et comment éviter les inconvénients. Le débat montre qu’il faut utiliser cette journée, mais tout ne se résume pas en une journée.

Une des recommandations aujourd’hui c’est de faire de telle sorte qu’on valide les politiques consensuelles et améliore les partenariats. Car quand on parle de migration, il y a un pays d’origine et un pays d’accueil, il y a aussi des pays traversés. Tout cela montre qu’il faut des concordances et synergies possibles. L’essentiel aujourd’hui c’est de garder le cap, évaluer et avancer », a précisé le professeur Bouba Diop.

« Les africains eux mêmes et l’union africaine »

Même si les Etats africains s’activent depuis quelque temps à mettre en place des politiques et programmes visant à anéantir la migration irrégulière, force est de constater que le phénomène continue de faire des victimes. Ce qui fait penser certains observateurs et spécialistes de la migration comme le secrétaire exécutif d’Enda Prospective Dialogue politique, Mamadou Abdoulaye Mbengue, que les politiques jusque là mises en place par les États africains ne répondent pas aux attentes des populations, d’où la persistance du phénomène. Ainsi il appartiendra aux chefs  d’État africains, et l’union africaine au premier rang, de sauver la migration africaine à travers des programmes et stratégies en matière d’élaboration de politiques migratoires.

« Le phénomène de la migration surtout celle irrégulière résulte de l’échec des politiques publiques mises en place par nos États et surtout le manque de coordination dans la matière de prise en charge des questions liées à la migration. Aujourd’hui le phénomène est en train d’empirer alors que nous n’avons pas encore les moyens institutionnels forts qui puissent maintenir les jeunes dans notre pays. Si les États africains ont accepté l’externalisation des frontières en Afrique, dans un souci de renforcer l’approche sécuritaire des migrants, c’est que quelques fois, ils n’ont pas compris que cela n’arrive pas à stopper les jeunes pour risquer la migration.

La meilleure réponse à apporter à ce phénomène, c’est de fixer les conditions de maintenir les jeunes dans leurs territoires à travers la mise en place des projets et programmes ambitieux suffisamment forts en terme de finances et stratégies, en terme de vision pour que les jeunes se sentent dans ces projets et acceptent de participer naturellement à l’accompagnement des acteurs des collectivités territoriales pour une prise en charge de leurs besoins au niveau local. Seuls les africains eux mêmes peuvent sauver la migration africaine en commençant par l’Union Africaine. Il y a un besoin de l’ensemble des chefs d’État, d’avoir une volonté politique forte pour formuler des stratégies en matière d’élaboration de politiques migratoires qui puissent non seulement prendre en compte la préoccupation des jeunes, mais aussi prendre en compte le respect des droits des personnes en mobilité pour faire de sorte que ce phénomène soit un souvenir lointain », laissent entendre les spécialistes des questions migratoires.

« L’encadrement dans les départs, dans l’installation et le retour »

Loin s’en faut de la vision du professeur Bouba Diop et de Mamadou Abdoulaye Mbengue, l’ancienne présidente de la plateforme nationale des migrants en France, Mme Khady Sakho Niang reste très sceptique par rapport à la question. Car pour elle, la migration on ne peut pas la sauver, mais il faut plutôt l’encourager et l’encadrer.

À la question de la persistance et la recrudescence du phénomène de la migration irrégulière surtout en Afrique, Mme Khady Sakho Niang évoque l’inefficacité des politiques et programmes mis en œuvre par les États africains. « Souvent on a tendance à cantonner le migrant comme, soit un élément simplement économique qui contribue au développement mais aussi leurs contributions sont multiples. C’est pourquoi la dialectique migration et développement met en lumière  surtout ce qui est l’apport de compétences, de savoir faire des migrants et surtout là où ils vivent. 

Actuellement, je pense que nul n’est mieux que chez soi. Pourquoi on nous refuse un certain niveau de développement, je me dis qu’au Sénégal, on revient souvent dans certains quartiers quelques années après, rien n’a changé. Parce que tout simplement les politiques mises en place ne sont pas adaptées aussi bien au niveau du développement local que sur le terrain, même si je ne peux pas tout fustiger. Il faudrait alors essayer de faire effondrer le mythe du voyage. Parce que ceux qui partent ne sont pas suicidaires, mais plutôt ils ont un bon espoir de réussir ailleurs. Pour cela nous devons chercher les causes dans notre écosystème de développement qui a failli.  

Cependant la migration on ne peut pas la sauver parce que c’est un phénomène naturel. La migration il faut l’encourager et l’encadrer, puisque les gens vont toujours migrer. Il faut donc de l’encadrement dans les départs dans l’installation et dans le retour. Car pour toute personne en situation de migration, son plus grand souhait c’est de revenir, s’installer et d’être en phase avec l’écosystème social culturel », propose l’ancienne présidente de la plateforme nationale des migrants en France. 

Tout pour dire que, dans ce contexte marqué par la relance des économies mondiales post-covid-19, il est impératif pour les États de conjuguer les efforts pour élaborer des stratégies tendant à mettre en place des politiques et programmes ambitieux qui pourraient maintenir les populations, les jeunes en particulier dans leurs États…  

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