L’année 2021 a été marquée par des tourbillons dans tous les secteurs d’activités du pays. Entre mœurs, scandales, scènes de violence et accidents tragiques, le Sénégal a traversé un de ses pires moments en 2021. Tout semblait être en ébullition dans un contexte de crise sanitaire mondiale sans précédent avec son lot de dégâts inestimables. Dakaractu vous fait revivre les faits marquants de l’année 2021.
L’affaire Sweet Beauté, appelée encore l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr a cristallisé tous les esprits en 2021. Et s’il y a bien un fait marquant qui restera gravé dans l’histoire du Sénégal de l’année 2021, c’est bien cette affaire de mœurs qui a secoué tout le pays. Les faits remontent au 03 février 2021. L’information barre la Une des journaux quotidiens. Le député Ousmane Sonko, par ailleurs le président du parti Pastef les Patriotes, est accusé d’avoir violé une jeune masseuse du nom de Adji Sarr. Dans sa plainte déposée le 3 février à la section de recherche, la jeune dame de 20 ans orpheline de mère déclare « avoir été violée à quatre reprises par Ousmane Sonko dans le salon de massage » où elle travaille.
Dans sa plainte, Adji Sarr raconte que « son bourreau était armé et l’aurait contrainte à entretenir des relations sexuelles ».
Des accusations balayées en touche par les différents témoins, notamment la deuxième masseuse (Aïssata Ba) et le mari de la propriétaire du salon (Ibrahima Coulibaly). Ainsi la patronne du salon est convoquée à la section de recherche avant d’être placée en garde à vue. Le 03 Mars le leader du Pastef est convoqué par le juge du 8ème cabinet pour être entendu sur le fond de cette affaire qui avait déjà pollué l’atmosphère politico-sociale du pays.
Alors qu’il avait estimé qu’il n’allait pas déférer à la convocation depuis l’éclatement de cette affaire, le président du Pastef fait une déclaration publique et appelle les populations et ses militants à la « résistance et au mortel combat » face à l’oppression. Un « mortal kombat » qui s’est matérialisé sur le terrain le lendemain de son appel. Ainsi le pays a failli sombrer le même jour, après l’arrestation du député Ousmane Sonko alors qu’il partait répondre à la convocation du juge, accompagné par une foule immense venue de tous les coins de Dakar.
Des heurts éclatent, le mouvement de foule dispersé par des grenades lacrymogènes. Ousmane Sonko arrêté et conduit à la brigade de recherche de Colobane et ses gardes du corps malmenés. Les populations, surtout les jeunes, se lèvent et des manifestations violentes commencent et se multiplient sur le terrain et un peu partout dans le pays pendant presque deux jours. Le bilan est très lourd, plus de douze personnes sont mortes, six cent blessés et des dégâts matériels énormes enregistrés avec les pillages des stations d’essence et des magasins Auchan. Les appels au calme des religieux font leur effet quelque temps après la libération du président Ousmane Sonko.
Flambée des prix des denrées, une source de tension sur les prix
Des vives tensions ont été notées dans le marché sur les prix de certaines denrées alimentaires, comme le riz, l’huile et le sucre qui était quasiment introuvable.
Une hausse qui avait provoqué de vastes campagnes de dénonciations dans les réseaux sociaux et du côté des associations de défense des intérêts des consommateurs. Une situation qui avait abouti à la convocation du Conseil national de la consommation le mardi 31 Août, par le ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta. L’occasion pour le gouvernement de s’expliquer sur la hausse de prix et de rencontrer les acteurs du secteur (administration, douanes, impôts, associations de consommateurs, commerçants et industriels). Mais aussi de désamorcer une situation potentiellement explosive. Ce conseil a donné lieu à des mesures fortes.
D’autres propositions aussi ont été prises telles que le « rétablissement des stands de commerce, l’administration des prix des bidons d’huile de 20 litres, la mise en œuvre de mesures rendant obligatoire la déclaration des stocks et l’homologation des prix des matériaux de construction », conclut-elle.
Les mêmes tensions ont aussi été notées dans les factures d’eau et d’électricité. Le loyer aussi n’a pas été en reste, plusieurs contestations ont été enregistrées à propos de la cherté du loyer à Dakar et un peu partout au Sénégal. Ce qui avait amené le gouvernement, le ministre du commerce en particulier, à convoquer les différents acteurs à un atelier d’échange et de partage sur la question, le mardi 16 novembre 2021. Une rencontre durant laquelle les acteurs immobiliers et les différents ministères chargés de cette question ont constaté unanimement des irrégularités par rapport à l’application de la loi de 2014. Le constat est que beaucoup de bailleurs trouvent toujours le moyen de contourner pour fouler au pied cette loi promulguée pour encadrer et régulariser le loyer.
À l’issue de cette rencontre, d’importantes mesures et recommandations ont été retenues pour résoudre ce problème. Il est décidé la mise en place urgente de l’Observatoire national du loyer et la révision du problème des cautions. Une caution qui a été finalement fixée à deux mois seulement par un arrêté du ministère du commerce du 07 décembre 2021.
Covid-19, émigration irrégulière, scènes de violence : Un bilan macabre sans précédent !
L’année 2021 part avec un bilan macabre sans précédent. Hormis la Covid-19 qui a elle seule fait 1.480 morts au Sénégal à la date du 28 décembre, la montée de la violence dans la société a aussi fait plusieurs victimes. Plusieurs cas de meurtres, d’assassinats de personnes ont été signalés un peu partout à Dakar et dans le pays. À Dakar, l’on se rappelle l’altercation meurtrière à Ouest Foire où le jeune automobiliste Baye Ngalgou Ndiaye a été sauvagement tué par un autre automobiliste du nom de Mamadou Ndiaye. L’agression meurtrière de l’étudiante ressortissante congolaise, Lotaly Mollet, à Grand-Yoff a aussi suscité de vives réactions cette année. La violence conjugale ou encore la violence basée sur le genre a été fortement constatée dans la société sénégalaise au cours de l’année 2021. C’est le cas à Sacré-Cœur où une tragédie effroyable s’est produite le 7 novembre dernier. Un père de famille, répondant au nom de Falla Paye médecin de son état, a tué ses trois enfants dont deux filles et un garçon, âgés de respectivement 4, 8 et 11 ans avant de se donner la mort. Des scènes odieuses qui se sont aussi produites à Thiès, Kaolack, Touba etc…
En plus de ces drames conjugaux, l’émigration irrégulière a aussi fait parler d’elle en 2021. En effet, plusieurs jeunes ont péri dans les eaux de l’Atlantique en voulant rejoindre l’Europe. C’est le cas à Saint-Louis où une vingtaine de jeunes ont péri dans le chavirement en Août dernier d’une pirogue au large de Saint-Louis contenant environ soixante migrants. À Thiaroye, Mbour et Cap Skirring, les mêmes faits ont été constatés. Une situation qui continue d’impacter les franges jeunes de la population.
Alors que les gens pleuraient déjà les nombreuses pertes en vies humaines enregistrées sur les routes, un autre terrible accident frappe la presse sénégalaise le 31 Mai 2021. Il s’agit de membres d’une équipe du site d’informations Leral.net en mission dans le cadre de la tournée économique du président Macky Sall (du 29 mai au 1er juin) dans les régions de Kaffrine, Kaolack et Kédougou. Le journaliste Abou Mamadou Sy, le technicien Mamadou Yoro Diallo, le cadreur et le chauffeur Ousmane Ndiaye, ont perdu la vie sur le coup et les deux autres passagers du véhicule, grièvement blessés, Thierno Kane et Amina Sow ont été admis à l’hôpital de Kédougou avant d’être évacués dans un avion à Dakar le jour même. La voiture de l’équipe de reportage, qui avait devancé le cortège présidentiel resté à Tambacounda, avait eu un choc frontal avec un camion. Immédiatement alertés, les éléments de la Gendarmerie et les Sapeurs-pompiers se sont rendus sur les lieux. L’irréparable s’était déjà produit ! Un vibrant hommage leur a été rendu par le président Macky Sall qui s’était déployé sur les lieux de l’accident avant de procéder à l’inauguration de l’hôpital Amath Dansokho de Kédougou dans l’après-midi.
De mesures sévères annoncées toujours en attente
Face à cette recrudescence des accidents de la circulation, le gouvernement sénégalais a décidé de prendre à bras le corps cette situation inquiétante du transport. C’est ainsi que le ministre des transports terrestres et du désenclavement du territoire, Mansour Faye, avait annoncé des mesures sévères contre les chauffards. « Il y a non seulement un problème de sécurité routière, mais aussi le facteur humain est incriminé. La route est de très bonne qualité, la signalisation verticale comme horizontale sont présentes. On peut dire que l’origine de l’accident reste le facteur humain. Il va falloir apporter des mesures sévères pour que ce genre de situation ne se reproduise plus », annonçait le ministre Mansour Faye le 03 Août 2021, suite à un accident de la circulation sur l’axe Saint-Louis/Ndioum et qui avait fait 11 morts dont 07 femmes et 04 hommes. Mais malgré ces mesures radicales annoncées par les autorités, les routes continuent toujours de faire des victimes.
S’il y a une chose qui marquera aussi à jamais les usagers du secteur transport pour l’année 2021, c’est bien la paralysie totale et pendant deux jours du transport au Sénégal. Le 02 Décembre dernier, afin de protester contre les tracasseries dont ils font l’objet sur les routes, et amener l’État du Sénégal à respecter les engagements qu’il avait signé avec les transporteurs, le cadre unitaire des transporteurs du Sénégal a décrété 48 heures de grève renouvelable.
« Nous n’avons pas déclenché cette grève pour fatiguer la population mais pour régler nos problèmes. Depuis des années, nous signons avec le gouvernement des accords qui ne sont pas respectés », se justifiait Gora Khouma, un des responsables du Cadre unitaire.
L’actualité de l’année 2021 a été bousculée par un scandale sans précédent de trafic de passeports diplomatiques. L’affaire est d’autant plus inquiétante que même des élus de la République, notamment des députés de la majorité, sont cités directement.
Le 07 septembre 2021, le parquet a instruit la Division des investigations criminelles (Dic) d’ouvrir une enquête et de procéder à l’arrestation de toute personne impliquée, relativement aux présumés faits de trafic de passeports diplomatiques sénégalais et de visas, relayés largement dans les réseaux sociaux et dont certains des présumés mis en cause ont été cités. Il en est ainsi d’une séquence vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, montrant le rappeur et membre de Y’en a marre, Landing Mbessane Seck alias «Kilifeu », en train de monnayer la délivrance de visas Schengen et de marchander l’obtention d’un passeport diplomatique sénégalais, avec son interlocuteur, identifié plus tard sous le nom de Thierno Amadou Diallo.
Convoqué et entendu sur procès-verbal, «Kilifeu », après avoir visionné la vidéo, d’une durée de 9 minutes 46 secondes, publiée sur les réseaux sociaux, a reconnu qu’il s’agit bien de lui, en train de discuter d’une transaction de délivrance de visas et d’un passeport diplomatique avec Thier. Il indique, à ce sujet, que c’est dans le courant du mois de juin 2021 que Thier a demandé à le rencontrer en toute urgence. Une fois à la « Brioche dorée » de Ngor, dans le véhicule de Thier, ce dernier a sollicité ses services pour l’obtention de trois (03) visas d’entrée en France dans le but, dit-il, d’évacuer son fils malade. Il a ajouté qu’il comptait demander les visas en prétextant une activité pour leur groupe de rap, lequel est connu par l’ambassade de la France au Sénégal.
Par la même occasion, il a reconnu avoir proposé à Thier un passeport diplomatique moyennant la somme de cinq millions (5.000.000) Fcfa. Mais lors de son audition, Kilifeu refuse de révéler l’identité des personnes capables de lui faire établir les passeports diplomatiques. De même, il a prétendu avoir, par la suite, supprimé de son répertoire le contact téléphonique de la personne dont il fait allusion dans la vidéo incriminée.
À l’en croire, son intention était uniquement d’aider son ami pour l’évacuation de son fils malade. Le rappeur est ainsi gardé à vue le 08 Septembre 2021 avant d’être inculpé et placé sous mandat de dépôt le 15 Septembre. Kilifeu n’a pas été le seul car son camarade Simon aussi va le retrouver en prison pour les mêmes causes. L’activiste Simon, impliqué aussi dans cette affaire par Thierno Diallo lors de la confrontation, a été placé en garde à vue. En fait, le sieur Diallo, qui a été extrait de la prison, a déclaré aux enquêteurs avoir utilisé le passeport diplomatique qui lui a été remis par Simon, moyennant 2 millions de francs.
Après quelques mois passés en prison, la bande des trois à savoir Thierno Diallo, Simon et Kilifeu obtiennent la liberté provisoire, tandis que le député Mamadou Sall et Sadio Dansokho, président du Conseil départemental de Saraya, tous membres de la majorité présidentielle cité dans un réseau de trafic de passeports sont envoyés en prison le 21 Décembre 2021 en attendant l’enquête ouverte sur le trafic de passeport diplomatique qui a aussi secoué la présidence de la République. Tout pour dire que l’importance de ce document fait que cette histoire pourrait avoir des conséquences sur notre diplomatie et notre réputation à l’international.
L’autre scandale qui a secoué l’univers de la mode au Sénégal en 2021, c’est l’affaire de Miss Sénégal. Ce rendez-vous culturel aux allures de la vente de la destination Sénégal a été entaché par une histoire de mœurs. En effet, c’est une ancienne reine de beauté qui a ouvert la boîte de Pandore. Au lendemain de la traditionnelle cérémonie de remise de couronne à la miss Sénégal 2021, Ndèye Fatima Dione, Miss Sénégal 2020, révélait le 24 Novembre 2021, avoir été victime de violences sexuelles lors d’un voyage organisé par le comité. Elle assure même être tombée enceinte après l’agression. Dans la foulée de ses aveux, la parole se libère.
D’autres candidates dénoncent un fonctionnement malsain du concours, un animateur qui leur fait régulièrement des avances et les favorise pendant la compétition si elles acceptent. Mais la présidente du comité d’organisation des Miss, Aminata Badiane banalise l’affaire. Pire, elle déclare à l’attention de Ndèye Fatima Dione, lors d’une conférence de presse : « Si on te viole, c’est que tu l’as bien cherché. Elle est majeure ! » Une déclaration qui sonne de trop pour les associations féminines qui sont entrées dans la danse en apportant un soutien sans faille à la Miss Ndèye Fatima Dione. Ainsi plus de 300 personnes se sont jointes au collectif de femmes Sénégalaises le mercredi 24 Novembre 2021 pour déposer une plainte sur la table du procureur de la République contre la personne de Amina Badiane, la présidente du comité d’organisation de Miss Sénégal, pour apologie du viol. En plus de la plainte de l’organisation islamique Jamra contre l’organisatrice de Miss Sénégal Amina Badiane.
En effet, Mame Mactar Guèye et ses camarades ont déposé le jeudi 25 novembre, leur plainte sur la table du Procureur. Ils visent les délits d’apologie au viol, association de malfaiteurs, complicité passive de proxénétisme. La plainte est aussi dirigée contre X. Face à ces multitudes de plaintes, Aminata Badiane a aussi déposé une plainte contre Mamico, Kader Gadji et X. L’organisatrice de Miss Sénégal Amina Badiane se dit victime d’une campagne de diffamation et d’injures publiques, sciemment organisée par des pseudos célébrités cupides, qui n’ont qu’un seul objectif : nuire à sa réputation et porter atteinte à son honneur et à sa dignité. Une affaire qui peine toujours à être élucidée devant le grand public.
Tout pour dire que le Sénégal a été durement secoué par des moments difficiles parfois complexes et à la fois compliqués en 2021. Espérons que l’année 2022 sera meilleure…
Bonne et Heureuse Année 2022, chers (ères) internautes!