DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE SEANCE DU VENDREDI 27 DECEMBRE 2024 PAR MONSIEUR OUSMANE SONKO, PREMIER MINISTRE
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames, Messieurs, les honorables Députés,
Mesdames, Messieurs, les Ministres et Secrétaires d’Etat,
Mesdames et Messieurs les anciens Présidents
Mesdames, Messieurs, les représentants des corps constitués de l’Etat,
Sénégalaises et Sénégalais, mes chers compatriotes,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
C’est avec un profond sens du devoir et une vision claire pour l’avenir que je me présente, aujourd’hui, devant cette auguste Assemblée. A cet effet, je prends la parole, humble, face à l’immensité de la tâche à accomplir. A travers votre institution, je partage, avec les 18 millions de Sénégalaises et Sénégalais vivant dans les villes, dans les campagnes et de la Diaspora, la politique générale du Gouvernement pour les cinq (5) prochaines années, adossée à une doctrine et des principes de rupture systémique, pour les vingt-cinq (25) prochaines années.
En cette année 2024, les sénégalais ont montré, à deux reprises, à la face du monde que nous sommes un Grand Peuple, une Grande démocratie. Beaucoup ont douté. Mais, les Sénégalais dans leur majorité ne l’ont jamais fait. Nous avons regardé l’avenir parce qu’il était synonyme d’espoir. Nous avons affronté les épreuves pour avancer. Avancer pour ne jamais sombrer. Notre Nation ne s’est pas laissée perdre par le doute. Parce que nous sommes un grand Peuple, animé d’une Foi inébranlable et poursuivant un But commun par l’apport de tous : la construction d’un grand pays qui compte dans le concert des nations. Alors n’ayons pas peur de questionner nos certitudes, n’ayons pas peur du changement.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Le 2 avril 2024, le Sénégal est entré de plain-pied, grâce à la résilience de son peuple et à la détermination de sa jeunesse, dans une ère nouvelle de son histoire, l’ère d’une ambition restaurée, à la fois nationale et africaine, l’ère d’un Projet commun, taillée à la juste mesure des aspirations de notre Peuple tout entier ; l’ère, enfin, de la poursuite sincère
d’une prospérité partagée par tous et chacun, loin des ressources pour quelques-uns.
Cette ère nouvelle est, disons-le, une rupture. Oui, en phase avec les orientations et l’exemple posés par le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Il échoit à toute la Nation sénégalaise de rompre, de manière ferme et résolue avec certaines façons de penser et de voir notre Cher Pays, ainsi qu’un bon nombre de pratiques établies. Cela va sans dire, cette rupture impérieuse s’applique au premier chef au Gouvernement d’alternative démocratique éclatante, dont j’ai l’honneur et le redoutable privilège d’être le Premier ministre.
Je viens dès lors partager avec vous les principes, l’ambition et les orientations stratégiques du nouveau Gouvernement, afin que nul n’ignore ce que nous voulons faire pour le Sénégal, et comment nous le ferons.
Le Peuple sénégalais a voté de façon nette et massive pour le Projet d’un Sénégal Souverain, Juste et Prospère,
Pour bâtir ce Sénégal du PROJET, il est impératif d’opérer une rupture d’une profondeur et d’une portée jamais vues dans notre pays, depuis notre accession à l’indépendance il y a soixante-quatre (64) ans, en partant de la courbe plongeante de notre histoire.
Le Sénégal d’Hier, un pays modèle, dans une Afrique conquérante :
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Partie intégrante des grands empires et royaumes d’Afrique de l’Ouest, du XIIe siècle à l’arrivée des premières puissances coloniales ;
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Un pays de résistants, dont les populations ont su maintenir leur dignité, leur culture et leurs principes fort de savoir-être, aux heures les plus sombres des razzias et, de la colonisation, y compris au prix du sang et du sacrifice anonyme de leur vie : ce fut le cas lors de ce grave Mardi de Nder; où les femmes Sénégalaises, par dizaines ont préféré la mort à l’esclavage et au déshonneur, ou ce jour tristement célèbre du 1er décembre 1944, à Thiaroye, où des hommes Sénégalais, avec leurs frères Ouest-Africains, ont par dizaines préféré la mort à l’injustice et au déshonneur.
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Le Sénégal des Indépendances, un modèle en Afrique de stabilité de ses institutions, la qualité insigne de ses élites politiques, diplomatiques, administratives, ou même sociales et culturelles, et enfin, de façon plus profonde encore, sa mixité, le brassage de ses ethnies et religions, et la force de son commun vouloir de vie commune.
Le Sénégal d’Aujourd’hui, un modèle en panne, dans une Afrique sacrifiée :
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Un modèle de développement arrêté : 64 ans après son indépendance, le Sénégal est resté enfermé dans le modèle économique colonial, exportant ses matières premières (or, poisson, arachide, phosphate, zircon…), avec peu de valeur ajoutée et important les produits finis. L’énorme déficit de la balance commerciale de l’ordre de 3.300 milliards en 2023 presque 17% du PIB, qui se creuse d’année en année, montre combien notre économie est aujourd’hui peu compétitive. Cela s’est traduit par une croissance trop faible et trop fragile. La croissance annuelle moyenne de 1960 à 2023 a été de seulement 3,1%. Face à une population qui a augmenté en moyenne de 2,7% par an, le revenu réel par habitant n’a jamais décollé, et les Sénégalais sont aujourd’hui quasiment au même niveau de revenus qu’au moment de l’indépendance, voire plus pauvres si l’on tient compte de toute la richesse qui s’expatrie avec les revenus des investissements des groupes étrangers. Cette faible croissance est par ailleurs concentrée sur quelques zones du territoire, notamment le triangle Dakar-Thiès-Mbour. Au final, la triste réalité des chiffres
depuis l’indépendance montre que notre pays est enfermé
dans un cercle vicieux de sous-développement et de pauvreté, avec des matières premières locales peu valorisées, un secteur privé national qui ne décolle pas, des filières peu compétitives, une croissance structurellement faible et fragile et un territoire national peu aménagé et pauvre ;
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Un modèle social en crise aigüe, avec notamment une jeunesse désabusée, sans perspective dans son propre pays : chaque année, le nombre d’emplois formels créés est très largement inférieur au nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail. Une justice où l’action de quelques-uns a fait perdre la confiance de presque tous. Une école où l’on désapprend bien souvent, et où l’on déséduque encore plus ;
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Un modèle démocratique fortement fragilisé, qui a su rester debout grâce à la résilience des millions de Sénégalais, d’est en ouest, du nord au sud. Notre précieuse démocratie a vacillé, mais a tenu, Dieu merci. Hommage au peuple sénégalais, en particulier à sa jeunesse, pour la lutte qu’il a menée pour préserver ce modèle démocratique. Cette force vitale pour la résistance démocratique, chers jeunes, chers citoyens, nous devons désormais la mobiliser pour le développement du pays.
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