Depuis le début de la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine, le monde entier traverse une crise multisectorielle sans précédent.
Dans la mise en œuvre des stratégies de gestion de l’inflation qui constitue l’un des effets pervers de cette crise, bon nombre de pays ont laissé le marché s’autoréguler avec parfois un impact négatif sur l’équilibre financier des ménages.
Au Sénégal, par contre, l’Etat a constamment soutenu les consommateurs par des mesures fortes et audacieuses, soit de façon directe, soit par des mécanismes de renforcement et d’amélioration de leur pouvoir d’achat.
I. LES MECANISMES DIRECTES DE PRESERVATION DU POUVOIR D’ACHAT DES MENAGES.
Il s’agit :
– de mesures de stabilisation et de baisse des prix des denrées de premières nécessités comme l’huile, le sucre et le riz brisé non parfumé par un renoncement fiscal (droit de douane et TVA) de l’ordre de 97 milliards ;
– d’une augmentation de la subvention sur le riz pady à hauteur de 6% ;
– d’une mesure de subvention de plus de 15 milliards pour contenir les prix du gaz butane ;
– d’un soutien financier accordé à la filière industrielle de la minoterie afin de maintenir le prix du sac de farine de 50 kg à 19.200F
– d’une subvention de 300 milliards de F.CFA de janvier à septembre pour éviter une flambée des prix de l’électricité comme c’est le cas dans beaucoup de pays de la sous-région avec des niveaux de hausse se situant entre 9 et 38% ;
– du blocage des prix du gasoil et de l’essence pirogue pour ne pas faire subir aux sénégalais des hausses subséquentes des prix du transport public et celui des produits halieutiques.
Ainsi, l’intervention de l’Etat à travers ces batteries de mesures aussi audacieuses qu’efficaces, a permis :
– d’obtenir les niveaux de prix les plus bas dans la sous-région, comme c’est le cas :
▪ pour la farine dont le sac de 50kg est vendu à 25.000F en Côte d’Ivoire contre 19.200F au Sénégal, soit un écart de 5.800F ;
▪ pour le gasoil dont le prix du litre est de 920F à la date du 20 juin 2022 au Burkina Faso et de 803F au Mali, au lieu de 655F au Sénégal ;
– d’éviter aux ménages une vérité des prix qui serait de :
1°) 400F au lieu de 275F pour le kilogramme de riz ordinaire non parfumé ;
2°) entre 700F et 800F pour le kilogramme du sucre cristallisé en lieu et place de 600F, prix fixé ;
3°) 25.000F pour le sac de farine de blé contre 19.200F, prix actuel.
N.B. : à titre illustratif sur le niveau des prix au Sénégal par rapport à beaucoup de pays de la sous-région, une station-service implantée à kidira à la frontière avec le Mali a vu le volume de ses ventes journalières de gasoil passé du simple au double atteignant 10.000L avec une clientèle composée surtout de transporteurs qui préfèrent s’approvisionner au Sénégal pour obtenir un gain qui est de 148F/litre.
II. DES MESURES INDIRECTES D’AMELIORATION DU POUVOIR D’ACHAT DES SENEGALAIS.
La doctrine libérale de l’économie a comme corolaire la liberté des prix dans un environnement de concurrence saine et loyale entre acteurs.
Ainsi, l’Etat n’intervient que si les circonstances l’exigent et à fonction des secteurs laissant ainsi, la loi de l’offre et de la demande réguler le marché pour la quasi-totalité des produits.
Toutefois, afin de permettre aux ménages de faire face à une situation potentiellement inflationniste du marché, en raison notamment d’un contexte mondiale marqué par une insécurité alimentaire, une sécheresse, des restrictions à l’export, un renchérissement du coût du pétrole, des matières premières, du frêt maritime ainsi que des fluctuations du dollar, l’Etat du Sénégal a développé des politiques et mécanismes dont la mise en œuvre améliore considérablement le pouvoir d’achat des ménages.
Il s’agit notamment :
– d’une augmentation substantielle du traitement salarial des corps de l’Administration, même si une étude est en cours pour l’étendre aux autres ;
– de mesures de soutien aux ménages les plus vulnérables par un cash transfert de 47 milliards au profil de plus de 500.000 bénéficiaires ;
– 300 milliards pour l’emploi des jeunes dans les domaines sécuritaire, éducatif, agricole, touristique, sportif et au niveau des eaux et forêts dans le cadre de la convention Etat-employeurs ;
– d’un financement par la DER au bénéfice de plus de 50.000 entrepreneurs par an ;
– de mesures d’ordre social comme les bourses familiales, le CMU et la carte d’égalité des chances.
– la mise en service du TER qui a permis à des milliers de sénégalais de réaliser des économies substantielles orientées certainement à la satisfaction d’autres besoins.
CONCLUSION :
Le contexte international particulièrement contraignant n’a pas empêché l’Etat du Sénégal de prendre de fortes mesures directement ou indirectement pour préserver, soutenir, renforcer et améliorer le pouvoir d’achat des ménages tout en garantissant un approvisionnement correct du marché dans le temps et dans l’espace.
Ainsi, cette capacité de résilience dont a fait montre l’Etat place les ménages sénégalais dans une situation beaucoup plus reluisante que celle qui prévaut dans plusieurs pays où les gouvernants ont préféré appliquer la vérité des prix.
KHADIM NDIAYE
COMMISSAIRE AUX ENQUETES ECONOMIQUES
RESPONSABLE POLITIQUE APR A TOUBA