CULTURE : La reconnaissance de la mémoire des femmes, un combat au quotidien pour la cinéaste Diabou Bessane
La réalisatrice sénégalaise Diabou Bessane, auteur d’un documentaire sur la contribution occultée des femmes à la lutte pour l’indépendance, assure de son engagement à faire de la reconnaissance de la mémoire des femmes son combat quotidien.
ours, c’est qu’on n’oublie pas la mémoire des femmes parce qu’elle est très importante », a déclaré la réalisatrice, journaliste de formation, dont le film « Les mamans de l’indépendance » (2011), a été projeté mardi en ouverture de la célébration du centenaire du savant et égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop.
Selon Diabou Bessane, « on ne peut pas construire un pays en prenant une partie en la mettant en avant et en oubliant l’autre, c’est complétement illogique ».
« Les mamans de l’indépendance » est un documentaire qui retrace le rôle joué par les femmes dans l’avènement de l’indépendance du Sénégal. Ce film se veut une histoire de femmes et d’engagement, en hommage à des patriotes oubliées.
Cheikh Anta Diop, surnommé »Le Pharaon noir », a beaucoup défendu la cause des femmes, à travers ses écrits et conférences à travers le monde, selon les organisateurs des festivités commémorant les cent ans de celui dont le combat visait à montrer l’apport de l’Afrique à la culture et à la civilisation mondiale.
Pour Diabou Bessane, « les grands hommes sénégalais ont omis dans leurs mémoires écrites les faits d’armes des femmes dans les combats historiques du Sénégal ».
« Dans les mémoires des grands hommes politiques sénégalais, peu se souviennent des femmes militantes avec qui ils ont eu à poser des actes de bravoure politique », déplore-t-elle.
« La mémoire sénégalaise est une mémoire mâle, parce que quand on restitue aujourd’hui les pans de notre histoire, on a tendance à laisser de côté les femmes, on ne parle pas de leurs actions politiques, ni de leur courage, ni de leur bravoure, ni des actions qu’elles ont eu à mener », a insisté Diabou Bessane.
Selon la réalisatrice, jusque-là, le rôle des femmes continue à être sous-estimé. Y compris dans les médias, « quand on parle des femmes, en général, on a tendance à les catégoriser, à les infantiliser, à utiliser des mots qui ne les mettent pas en lumière ».
Diabou Bessane se dit toutefois optimiste avec les travaux de la Commission nationale de réécriture de l’histoire générale du Sénégal qui, note-t-elle, devrait replacer la femme sénégalaise dans la mémoire du pays.
« Je pense que la commission de la réécriture officielle de l’histoire du Sénégal va prendre en charge cette question. Et on ne sera plus là à réclamer à nouveau qu’on réécrive l’histoire en intégrant les femmes », ajoute Diabou Bessane.
Plusieurs films sont au programme des projections prévues dans le cadre du centenaire de Cheikh Anta Diop, qui se poursuivent jusqu’à vendredi, parmi lesquels « Oumar Blondin Diop, un révolté » de Djeydi Djigo, et « L’armée secrète de Mandela » de Osvalde Lewar. Il y a aussi à l’affiche « Kemtiwu Seex Anta », de Ousmane William Mbaye.