Depuis quelques jours, le projet de construction d’une mosquée au sein du Palais Présidentiel sénégalais suscite des débats passionnés et controversés. Ce projet, en dépit de ses partisans, se heurte à une opposition farouche de ceux qui voient en lui une menace directe à l’un des principes fondamentaux de la République sénégalaise : la laïcité. Ce débat soulève la question cruciale de l’équilibre entre le respect des traditions religieuses et la préservation de la neutralité de l’État.
Celle-ci est un principe constitutionnel et le pilier de la République du Sénégal qui garantit la séparation entre les institutions religieuses et gouvernementales. Elle assure une impartialité permettant à tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances, de vivre ensemble en harmonie. Ce principe est essentiel si l’on veut préserver la diversité religieuse du pays et éviter que l’État ne favorise une religion au détriment des autres.
Ce projet est perçu par beaucoup comme une entorse grave qui contrevient à ce principe d’impartialité. Le Palais Présidentiel, siège du pouvoir exécutif, n’est pas destiné à devenir un lieu de culte.
L’édification d’une mosquée en son sein pourrait être interprétée comme un favoritisme envers une religion spécifique, en l’occurrence l’islam, majoritaire au Sénégal. Ce projet pourrait créer un précédent dangereux, si les lieux de pouvoir politique venaient à être instrumentalisés à des fins religieuses. En outre une telle dérive pourrait compromettre l’image de neutralité de l’État et mettre en péril la coexistence pacifique des différentes communautés religieuses du pays.
La construction d’une mosquée au Palais Présidentiel représente symboliquement un coup de poignard aux principes républicains. Ce geste pourrait être interprété comme une tentative de sacralisation de l’espace politique, ce qui est contraire à la séparation des pouvoirs entre l’État et la religion. En promouvant une religion au sein de l’institution suprême de l’État, on risque d’ouvrir la porte à des revendications similaires de la part d’autres confessions religieuses.
Au-delà de la question de la neutralité, ce projet pourrait avoir des répercussions négatives sur la cohésion sociale du pays. En privilégiant une religion, même symboliquement, l’État risque de créer des tensions et des divisions entre les différentes communautés religieuses. Le Sénégal, connu pour sa tradition de tolérance et de dialogue interreligieux, pourrait voir ce fragile équilibre menacé par des initiatives perçues comme discriminatoires ou partiales.
Monsieur le Président Bassirou Diomaye Faye, nous vous interpellons directement : n’entamez pas ce projet de Cheikh Omar Diagne qui risque de détruire le vivre ensemble légué par vos prédécesseurs. La construction d’une mosquée au Palais Présidentiel va à l’encontre du principe fondamental de neutralité de l’État.
Il est essentiel que vous réaffirmiez votre engagement concernant l’impartialité gouvernementale et la séparation entre le spirituel et le politique. Pour préserver la cohésion sociale et la paix religieuse, il est crucial de respecter et de protéger ces valeurs qui permettent à tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances, de coexister harmonieusement. Nous vous appelons à agir en gardien de ces principes, pour le bien de la nation tout entière.
Ibrahima Thiam,
Président du mouvement un Autre Avenir
Membre de la coalition SENEGAL2024
Membre secrétariat National ACT