Accusé à tort par le colon de nourrir des intentions djihadistes armées, le Cheikh réaffirme son engagement à servir la cause de l’Islam et hisser son étendard au-dessus de toute autre volonté mais d’une manière basée sur « les sciences et la piété », non pas sur les armes conventionnelle connues pour cet effet.
S’adressant à ses persécuteurs, il explique la nature du djihad qu’il mène et dans lequel il compte demeurer, et les armes dont il dispose pour faire capituler ses ennemis : « Vous m’avez déporté alléguant que je suis un adorateur du Seigneur doublé d’un djihadiste. Vous avez certes raison car je mène le djihad pour l’amour de Dieu.
Mais mon djihad se fait à travers les sciences et la piété, en ma qualité d’esclave de Dieu et de serviteur de son Prophète ; et Allah qui régente toute chose en est témoin. ( …) Si mes ennemis possèdent des armes pour lesquelles ils sont redoutés, mes armes quant à moi, sont le Coran et les hadiths du Prophète (PSL) et c’est ainsi que je mène le djihad »
Pour cerner la capacité prospective qui a abouti à la méthode utilisée par le guide des mourides, il convient de rappeler ici que contrairement à l’occupation anglaise, l’objectif de l’occupation française ne se limitait pas seulement à l’exploitation des richesses dans les territoires contrôlés.
Mais la France à travers sa mission dite « civilisatrice » des africains, visait également à coloniser les esprits et les cœurs par sa politique d’Acculturation et d’Aliénation des Indigènes.
C’est pour cette raison que le fondateur du Mouridisme a consacré plus d’effort durant son combat à la lutte contre l’objectif numéro deux de l’impérialisme français c’est-à-dire l’aliénation intellectuelle et culturelle mise en pratique par des missionnaires et autres précepteurs au service commandé de la prétendue mission civilisatrice, fardeau de l’occident.
Il préférait de très loin le pillage de nos ressources économiques et leur exploitation ailleurs, au formatage de nos esprits, gage de la perte de notre identité culturelle et cultuelle.
Pour expliquer cette préférence, le Cheikh avait l’habitude de dire à ses disciples que :
« tôt ou tard, l’occupation partira un jour et qu’après son départ, la terre continuera toujours à fournir des richesses dont nous pourront profiter librement. Mais si par malheur, l’envahisseur réussissait à coloniser nos esprits et nos cœurs, ce sera alors nous-mêmes qui nous précipiterions chez lui, même après son départ, pour lui apporter nos richesses sur un plateau d’argent ».
PAPA NDIOUGA DIOP