Plusieurs civils ont été tués et d’autres blessés par des militaires mardi et mercredi dans des heurts à Dori, dans le nord du Burkina Faso, a indiqué jeudi le préfet de la province du Séno.
« Dans les nuits de mardi et de mercredi (…) des actes d’atteinte à la liberté et à la vie ont été constatées dans le quartier Petit Paris de Dori ainsi que dans d’autres secteurs de la ville », a expliqué le préfet Abrahamane Mande dans un communiqué.
« Malheureusement, certains militaires seraient impliqués dans ces actes regrettables, en procédant à des tirs à l’arme automatique et à la bastonnade de paisibles citoyens riverains et passants, occasionnant des pertes en vie humaines et des blessés au sein de la population », a-t-il déploré, sans donner de bilan précis.
Selon plusieurs habitants joints par l’AFP, il s’agit d’une « expédition punitive » menée par des soldats après l’assassinat lundi d’un militaire dans le quartier de « Petit Paris ».
« Mardi et mercredi des groupes de militaires ont fait une descente musclée dans le quartier et même dans des quartiers voisins. Ils ont frappé à l’aide de ceinturons et de cordelettes tous ceux qu’ils croisaient dans les rues », a expliqué l’un d’eux à l’AFP, affirmant avoir reçu lui-même plusieurs coups au dos.
« Malheureusement, trois personnes ont été tuées par des balles perdues », a indiqué de son côté un autre habitant de Dori.
« Il faut éviter une fracture entre l’armée et les populations au moment où on a besoin d’une saine collaboration pour lutter contre l’ennemi commun que sont les terroristes », a estimé un troisième habitant.
Selon le communiqué du préfet, une rencontre entre les principaux acteurs de la vie de la ville et les responsables militaires s’est tenue jeudi « afin d’apaiser le climat et préserver la cohésion sociale ».
Les responsables militaires ont « présenté leurs excuses » pour des « actes regrettables » qui ne « vont plus se produire ». Ils se sont également engagés à sanctionner les soldats impliqués dans ces violences.
Le Burkina Faso, en particulier sa partie nord, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI), qui ont fait plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés internes.
Face à la recrudescence de cette violence, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch le 30 septembre 2022 – le deuxième en un an -, avait fait part en février de sa « détermination intacte » à combattre les jihadistes, qui contrôlent environ 40% du pays.