Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition arrivé au pouvoir par un putsch au Burkina Faso en proie à la violence jihadiste, a reconnu que « la puissance de l’ennemi » avait « beaucoup augmenté ».
« La puissance de l’ennemi a beaucoup augmenté sur le terrain, son équipement aussi est train de se moderniser au fur et à mesure », a déclaré samedi le capitaine Traoré dans un discours à des unités spéciales de lutte anti-jihadiste près de Ouagadougou, transmis dimanche à l’AFP.
Mais, a-t-il ajouté, « on va s’équiper mille fois plus que l’ennemi, s’entraîner, former correctement les troupes pour la guerre », dévoilant au passage « de nouvelles acquisitions de moyens de combat terrestre et aérien », parmi lesquels des drones parmi les plus « performants ». « Beaucoup d’autres choses sont à venir, des moyens terrestres, en terme d’infanterie et d’aviation », a-t-il affirmé.
« C’est le peuple qui fait sa guerre, c’est la population qui contribue », car « le matériel commandé c’est (…) à travers les taxes qu’on récupère », a-t-il affirmé.
Depuis octobre, plus d’un milliard de francs CFA (environ 1,5 million d’euros) ont été collectés à la suite d’un appel à contribution à un « effort de guerre » pour la reconquête du territoire national, lancé par le capitaine Traoré.
Par ailleurs, de nouvelles taxes sur divers produits de consommation (boissons, cigarettes, cosmétiques) instaurées depuis février, puis élargie à d’autres services comme la téléphonie, ont permis de mobiliser plus de 30 milliards FCFA (environs 45 millions d’euros), selon le ministère de l’Economie et des finances burkinabè.
Depuis son arrivée au pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022 – le second en huit mois – le capitaine Traoré et son gouvernement ont en outre manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le jihadisme, en particulier avec la Russie, après avoir demandé mi-janvier le départ des troupes françaises au nom de « la souveraineté ».
Depuis 2015, le Burkina est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda. Elles ont fait plus de 16.000 morts civils et militaires depuis 2015, selon les dernières estimations de l’ONG internationale Armed conflict location action (Acled), qui répertorie les victimes des conflits à travers le monde, dont plus de 5.000 depuis le début de l’année 2023.
Ces violences ont en outre entraîné le déplacement de quelque deux millions de personnes.