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‘’Aube africaine’’, une représentation pour réclamer ‘’vérité et justice’’ sur le massacre de Thiaroye

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Le Grand théâtre national de Dakar va accueillir, dimanche 1er décembre, la première de la pièce de théâtre ‘’Aube Africaine’’, dont l’ambition est de réclamer ‘’vérité et justice’’ sur ce qui est convenu d’appeler le massacre des tirailleurs sénégalais en 1944 au camp de Thiaroye, a appris l’APS d’un des initiateurs.

 

Cette pièce sera représentée dans le cadre de la cérémonie officielle de la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye en 1944 organisée par le gouvernement sénégalais.

 

‘’La pièce ambitionne de juste dire qu’il faut que la vérité soit dite. Dire qu’on ne peut pas accepter que les gens soient ensevelis comme ça dans le silence. Qu’il s’est passé quelque chose de tragique à Thiaroye, il faut qu’on en parle’’, a laissé entendre le metteur en scène de la pièce, le Sénégalais Mamadou Seyba Traoré.

 

S’entretenant avec  l’APS, en marge d’une séance de répétition de plus de deux heures au théâtre national Daniel Sorano, Mamadou Seyba Traoré est d’avis qu’il est important que “les choses soient dites pour l’histoire, pour la marche de l’humanité, pour la dignité humaine’’.

 

La pièce de théâtre ‘’Aube africaine’’ est une adaptation de l’ouvrage du même nom de l’écrivain, dramaturge et homme politique guinéen, Keita Fodéba qui a publié ces légendes, poèmes et contes africains pendant dans les années 1950.

 

Le choix de l’œuvre de Keita, selon le metteur en scène, émane de l’historien et universitaire sénégalais Mamadou Diouf, par ailleurs président du comité dédié à la commémoration des 80 ans du massacre de Thiaroye, installé en août dernier par le Premier ministre Ousmane Sonko.

 

“Le choix a été fait pour une raison simple, Keita Fodéba a été l’un des premiers auteurs à écrire sur ce massacre de Thiaroye”, pendant les années de la colonisation, renseigne le metteur en scène.

 

”Vous savez, c’était l’omerta, on n’en parlait pas, il n’était pas question d’aborder ce sujet. Il se trouve que seul Fodéba et Léopold Sédar Senghor ont parlé des tirailleurs pendant la période coloniale’’, a t-il poursuivi.

Mamadou Seyba Traoré salue ainsi ‘’l’audace’’ de cet écrivain guinéen qui a parlé d’un “sujet à l’époque tabou, et qui l’est toujours”.

 

 

L’intrigue de la pièce qui épouse la dramaturgie de l’ouvrage part du recrutement des ‘’tirailleurs sénégalais’’,  vocable utilisé pour désigner tous les soldats africains ayant pris part aux côtés de la France durant les deux guerres mondiales.

 

Elle aborde également leur retour après la seconde guerre mondiale, en passant en revue leur vie dans les tranchées, l’angoisse des familles restées au pays et le massacre de Thiaroye “parce qu’ils réclamaient simplement leur dû”.

 

Dans un décor ‘’sobre et vide’’ ayant pour objectif de gommer la séparation entre le public et la scène, Mamadou Seyba Traoré dit vouloir que “le message passe directement de la scène au public”.

 

Il avait aussi à cœur de représenter les neuf pays de l’Afrique Occidentale française dans cette pièce où, indique-t-il, “tous les ethnies se rencontrent”.

 

‘’On vit cette histoire, cet événement tragique dans la même communion. Et qu’on prie tous ensemble pour le repos de l’âme de nos héros. Mais également pour revendiquer notre droit à la justice, à la vérité’’, indique-t-il.

Dans cette pièce qui navigue entre le passé de cette histoire tragique et le présent marqué par l’engagement d’une jeunesse africaine ‘’décomplexée”, le metteur en scène plaide ‘’pour la diffusion de la vérité sur beaucoup de sujets relatifs à l’Afrique pour pourvoir avancer aujourd’hui’’.

 

‘’Aube Africaine’’, une pièce pluridisciplinaire mêle chant, danse, théâtre et musique avec des comédiens de Sorano et des autres troupes privées du Sénégal, a aussi voulu rendre hommage à Keita Fodéba en épousant l’esprit de son travail.

 

Mamadou Seyba Traoré révèle toutefois avoir eu ‘’un grand souci’’ pour adapter au cinéma cette œuvre de Keita Fodéba.

 

‘’Il y a beaucoup de fulgurances, beaucoup d’images latentes qu’il faut actualiser. Ce que nous avons essayé de faire, c’est d’actualiser tous les non-dits du texte. Mais ces non-dits sont extrêmement bavards’’, a-t-il expliqué, ajoutant : ‘’ce sont des non-dits extrêmement clairs, précis et assez accusateurs’’.

 

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