Le Centre gériatrique Souleymane-Kanté de Thiès, première structure du genre, ouverte en dehors de Dakar, reçoit de plus en plus de patients, plus d’un mois après un démarrage timide de ses activités, en fin octobre dernier.
Construite par la Fondation Sonatel et mise à la disposition de l’Etat du Sénégal, cette structure de santé secondaire spécialisée dans la prise en charge des personnes âgées de 60 ans et plus, a été ouverte depuis mai dernier, pour ne démarrer ses activités que le 27 octobre.
‘’Nous faisons des consultations gériatriques tous les jours ouvrables et des consultations urologiques le jeudi à partir de 15 heures’’, a indiqué à l’APS, le médecin-chef du Centre, Docteur Mariama Diop.
Pour le moment, le centre offre juste une prise en charge ambulatoire, l’hospitalisation n’ayant pas encore démarré dans les six cabines individuelles disponibles. Il est prévu à l’avenir d’augmenter cette capacité d’hospitalisation, selon le médecin-chef.
‘’Certes ce n’est pas très médiatisé, mais avec le téléphone arabe, les gens viennent’’, relève la responsable. Les autorités s’étaient contentées de communiqués diffusés dans les mosquées, juste avant l’ouverture de la structure.
‘’Au début, la fréquentation était timide, (…) mais actuellement, le nombre augmente, (atteignant) cinq à dix patients par jour’’, poursuit-elle, expliquant ces effectifs par le fait que la consultation gériatrique prend beaucoup de temps – au minimum 30 minutes, à une heure par malade. Elle se dit convaincue que l’affluence sera au rendez-vous.
A la tête de 24 agents, dont des infirmiers, un assistant social, un gestionnaire, un maintenancier, des secrétaires, un vigile, des volontaires de la santé et des techniciens de surface, le chef de service, formé en gériatrie et en gérontologie au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Fann, fait partie de la dizaine de gériatres que compte le Sénégal.
La gériatrie est la médecine qui s’occupe des pathologies de la personne âgée, alors que la gérontologie s’occupe de la vieillesse dans son ensemble. Elle permet de faire la prévention des syndromes gériatriques, c’est-à-dire, des maladies propres à la personne âgée, comme par exemple, la perte d’autonomie, a expliqué Docteur Mariama Diop.
Bien que n’étant pas une nouvelle spécialité, la gériatrie dont le diplôme a été installé en 2019, est une spécialité qui n’est ‘’pas très bien connue’’ dans le pays, admet-elle, disant espérer de voir la tendance inversée ‘’ sous peu’’, vu que les médecins ‘’commencent à s’intéresser’’ à cette branche. A Fann, beaucoup de médecins sont en formation.
Même si ‘’tout n’est pas là’’, la responsable se dit ‘’optimiste’’ quant à l’amélioration de l’offre de service, disant espérer que d’ici 2023, le centre atteindra la totalité de son offre de service.
Le ministère a fait des promesses, avec des échéances, pour les différents types de besoins exprimés, dit-elle, non sans relever que la tutelle est en train de ‘’compléter’’ le plateau technique, en renforçant les ressources humaines et les équipements médicaux mis en place par le donateur, qui a acquis le mobilier de bureau.
‘’Nous avons l’obligation de nous déplacer vers les domiciles des personnes qui ne peuvent pas venir à nous’’, fait-elle savoir, ajoutant que les consultations et les hospitalisations à domicile qui sont prévues dans le paquet de services, n’ont pas encore démarré. Le centre ne dispose pas encore de véhicules.
Selon le médecin-chef du centre, la ville appuie beaucoup la structure sanitaire publique, qui relève du district sanitaire de Thiès, en s’occupant de ses techniciens de surface et du règlement de ses factures d’électricité et d’eau.
‘’Un trésor pour Thiès »
Soulignant l’importance de disposer de ce genre de structure, celles classiques n’étant ‘’pas adaptées’’ aux personnes âgées, le médecin-chef relève l’intérêt que les usagers portent à ce ‘’bijou’’ d’un coût d’ ‘’environ 500 millions’’ de FCFA et la satisfaction dont ils témoignent.
Après les deux structures gériatriques publiques – le service gériatrique de Fann et le centre gériatrique de Ouakam -, et une privée Keur Mag, toutes installées à Dakar, celle de Thiès, la première hors de la capitale, est ‘’un trésor pour Thiès’’, estime son responsable.
Il est prévu de le médiatiser au premier trimestre, à travers l’organisation d’une journée portes ouvertes.
Construit selon les normes de la gériatrie, avec des aménagements particuliers pour les personnes âgées, comme des appuis sur les murs, les carreaux antidérapants, les tapis antidérapants dans les sanitaires et les laboratoires, ainsi que des rampes à l’entrée. L’éclairage et la peinture respectent aussi lesdites normes.
Une grande salle abritera des séances de formation sur comment soulever un malade, le déplacer ou le retourner. Des échanges entre prestataires, accompagnants et malades, se tiendront aussi dans le centre qui proposera un soutien psychologique aux accompagnants, selon Docteur Diop.
‘’C’est une chance pour Thiès, d’avoir une structure qui a pour vocation d’améliorer la prise en charge sanitaire des personnes âgées, de prévenir les maladies liées à la vieillesse et d’aider les accompagnants dans la prise en charge à domicile de leurs parents’’, a salué le médecin-chef.
‘’Nous faisons appel à toutes les bonnes volontés, nous leur tendons la main’’, a t-il dit, plaidant pour que les Thiessois s’approprient cette structure, qui ‘’n’a rien à envier aux cliniques’’.
‘’Nous sommes jeunes aujourd’hui, mais demain nous seront vieux’’, a rappelé Docteur Mariama Diop.