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Affaire Branco : Le gouvernement esquive le fond de la question (Par Mbaye Sadikh)

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L’affaire relative à l’avocat de Sonko, Juan Branco qui s’est introduit clandestinement au Sénégal a été évoquée lors du face à face entre le gouvernement et la presse. Interpellée sur la prouesse de Branco, Aïssata Tall Sall, le ministre des Affaires étrangères, a déversé sa bile sur son confrère de l’Hexagone.

« Il sait bien qu’il y a des aéroports au Sénégal. Il pouvait bien passer par ces voies. Alors pourquoi a-t-il préféré passer par la Gambie et clandestinement par d’autres voies jusqu’à Dakar? Pour quelqu’un qui prêche le courage et la témérité, je pense que c’est le premier acte de lâcheté qu’il a posé »

Abdou Karim Fofana, le porte-parole du gouvernement tente de minimiser et pense enfoncer le clou, lorsqu’il ajoute : «Si vous avez le courage de défier un État, vous devez faire face et subir les conséquences. Le Sénégal ne doit être la caisse de résonance d’un avocat en mal de reconnaissance dans son pays.»

Venant d’un ministre, un avocat ‘’en mal de reconnaissance dans son pays’’ ne pouvait espérer meilleure publicité.

Mais là n’est pas le problème. En effet, avec cette sortie, Aïssata Tall Sall et Abdou Karim Fofana ont esquivé le fond de la question. Le problème fondamental ici est de savoir comment un pays peut lancer un mandat d’arrêt international contre un individu et que ce même individu traverse les frontières de cet État, se déplace jusqu’à la capitale et de surcroît participe à la conférence de presse des avocats de l’opposant le plus surveillé du pays ?

Et comme si ce n’était pas suffisant, Branco parvient encore à quitter la salle et à se fondre dans la nature pour ne pas dire dans Dakar, obligeant le procureur à lancer les hommes de tenue à sa trousse. Et qui sait encore ? Peut-être que Branco a déjà quitté le Sénégal, traversant une deuxième fois les frontières et qu’il va bientôt se signaler du côté de Paris ou Madrid.

Cette porosité des frontières à de quoi inquiéter. Régulièrement, on nous a vendu la tenue impeccable de nos frontières avec l’arrestation de présumés terroristes. Et puisque le terrorisme est d’actualité au Sénégal, on peut se demander combien de terroristes ont pu franchir allègrement les frontières à l’insu de ceux qui en ont la surveillance.

Cette affaire de traversée clandestine n’a pas d’ailleurs démarré avec Branco. Aujourd’hui ministre des Mines, Oumar Sarr a été interdit de sortir du territoire dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis. Celui qui était alors numéro deux du Pds s’était rendu en Mauritanie avant de revenir par vol à l’aéroport Léopold Sédar Senghor. « Je suis allé en Mauritanie en plein jour, je n’y suis pas allé la nuit. Il y avait le soleil qui me gênait », disait-il pour narguer les autorités.

Et l’évadé de retracer sa voie de sortie. « A partir de Dagana commune, j’ai pris une pirogue, j’ai traversé le fleuve, à partir de Dagana Mauritanie comme on l’appelle, j’ai pris une voiture qui m’a amené à Nouakchott. J’avais tous mes documents de voyages et entre Rosso Mauritanie et Rosso Sénégal, il y a au moins six postes de contrôle », ajoutait-il. Bref, presque le même modus operandi que Branco.

Il n’y a pas longtemps, Ousmane Sonko, client de Branco, a aussi réussi le coup. Interdit de sortir du territoire suite à l’accusation de viol, le leader de Pastef a matérialisé par un acte son appel à la campagne de désobéissance civile lancé en mai dernier. « En route pour Ziguinchor, j’ai fait escale aujourd’hui en Gambie, consacrant ainsi ma première sortie du territoire national depuis deux ans et 3 mois », écrivait-il sur sa page Facebook.

Les nombreux départs de pirogues vers l’océan dans le cadre de l’émigration clandestine sont des preuves supplémentaires de la porosité de nos frontières. Une question à prendre en charge au plus vite. Et ce ne sont pas des ‘’discussions amicales’’ avec la Gambie, comme annoncé par Aïssata Tall Sall, qui règleront le problème. Sinon, le bois de la Casamance cesserait de se retrouver en Chine via Banjul.

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