L’Institut fondamental d’Afrique noire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (IFAN/UCAD) a présenté, mardi, les résultats de trois travaux de recherche ‘’innovants et très actuels’’ visant à comprendre les rapports sociaux de sexe et les inégalités de genre dans la société sénégalaise.
‘’Ce sont des réflexions qui permettent de savoir les sources des inégalités de genre dans la société sénégalaise que ce soit dans l’espace politique, dans le privé ou dans l’entreprenariat économique, quelles sont ces inégalités, de les comprendre et de pouvoir apporter des solutions’’, a expliqué le coordinateur des travaux, docteur Saliou Ngom.
Il a précisé que les trois lauréats pluridisciplinaires ont été retenus et financés à l’issue du processus de sélection par un comité de neuf experts de l’UCAD.
Au total, 37 propositions ont été reçues par le comité scientifique.
Les trois travaux sont liés aux enjeux écologiques, la dégradation du climat et son impact sur la vulnérabilité des femmes à Bargny, un sujet présenté par Fatma Sylla doctorante à l’université Assane Seck de Ziguinchor. Ndèye Coumba Madeleine Ndiaye, professeur agrégée de l’Ucad, s’est intéressée au code de la famille et ses discriminations, aux enjeux autour de la famille sénégalaise.
Le troisième projet est axé sur l’entreprenariat agricole des femmes de Mont Rolland présenté par Ibrahima Niang de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
L’objectif de ces travaux, souligne Saliou Ngom, c’est d’abord d’informer les politiques mais aussi ‘’pousser la compréhension de ces différents enjeux dans une contribution scientifique qui sera publiée avec l’IFAN’’.
Pour la chercheuse Fatma Sylla qui a analysé la question de l’inégalité de genre dans un contexte d’urgence climatique, ‘’les femmes sont très impactées par les changements climatiques’’.
‘’La réduction des ressources halieutiques, aggravée par le changement climatique et l’érosion côtière et les répercussions environnementales des activités industrielles telles que la société de ciment, le port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou et la centrale à charbon accentuent la précarité économique des femmes entrepreneures de cette localité’’, a estimé la chercheuse.
Elle préconise une promotion de la participation politique des femmes dans la planification de l’action climatique au niveau local, national et international.
L’agrégée de droit Ndèye Coumba Madeleine Ndiaye a mis en évidence la prédominance des dispositions du code civil français fortement marqué par le patriarcat et des dispositions inspirées de l’Islam dans le code de la famille au détriment des coutumes locales.
‘’Cette configuration renforce les inégalités, notamment, en cas de conflit, divorce ou dans l’organisation de la vie conjugale’’, selon elle.
L’IFAN va présenter ces travaux dans la collection ‘’initiations et études africaines ’’.