La visite que le président Bassirou Diomaye Faye a effectuée jeudi en Mauritanie, pour sa première sortie à l’étranger depuis sa prise de fonction, début avril, est le sujet le plus en vue dans la livraison de vendredi des quotidiens.
À Nouakchott, M. Faye et son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, “ont planché sur les grands dossiers qui lient les deux pays”, rapporte Le Soleil, qui titre à propos de cette visite : “Liens consolidés”.
Les deux présidents se sont accordés sur “l’intensification des liens [entre leurs deux pays] dans les secteurs du gaz, du commerce, de la pêche…” écrit le journal Le Quotidien.
“Pour le Sénégal et la Mauritanie, ajoute-t-il, c’est une relation qui se renforcera avec […] l’exploitation des hydrocarbures et l’intégration économique.”
Ce que semblent confirmer les propos du président sénégalais à son retour à Dakar, jeudi en début de soirée, au terme de cette visite de travail et d’amitié. “Nos entretiens empreints de cordialité et marqués par de larges convergences de vues traduisent un renforcement des liens historiques de bon voisinage, d’amitié fraternelle et de coopération confiante, qui unissent nos deux pays”, a déclaré Bassirou Diomaye Faye.
Selon le quotidien Vox Populi, le président Faye a aussi remercié Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour l’accueil “chaleureux et toutes les marques d’attention” dont il a fait l’objet lors de sa visite en Mauritanie, où le tapis rouge lui a été déroulé, selon L’As.
Le Mandat estime que cette visite a “des relents pétroliers, gaziers mais aussi sécuritaires”. Rewmi Quotidien juge que “Bassirou Diomaye Faye réussit sa première sortie diplomatique”. L’axe Dakar-Nouakchott s’en trouve “fortifié”, affirme le journal Yoor-Yoor.
Des déplacements axés ”sur le pragmatisme et le réalisme”
“Le président Bassirou Diomaye Faye prend son envol international”, titre le quotidien Kritik’ en se projetant sur l’agenda diplomatique du président de la République, attendu samedi à Banjul, en Gambie.
Les premiers déplacements à l’étranger du président sénégalais “revêtent un caractère stratégique” et sont axés sur “le pragmatisme et le réalisme”, analyse Kritik’, précisant que ces visites procèdent de la diplomatie de bon voisinage, de “la bonne convergence pour des ruptures de gestion” et de la volonté de jeter “un regard accru sur les accords de défense [et] surtout monétaires”.
Les comptes rendus sur cette première sortie officielle du président de la République foisonnent certes dans les colonnes des journaux, mais plusieurs quotidiens réservent dans le même temps une place non négligeable à la reddition des comptes, à la faveur des dernières mesures annoncées par les nouveaux dirigeants du pays.
Dans des propos rapportés par Vox Populi, le coordinateur du Forum civil, Birahim Seck, déclare que la volonté du président Faye de publier les rapports des corps de contrôle “nous réconcilie avec des obligations de redevabilité et la reddition des comptes”.
“Ce sera un chemin parsemé d’embûches, mais c’est la voie qui mène vers la transparence et la bonne gouvernance”, ajoute-t-il, au sujet de la décision des nouvelles autorités de rendre publics les rapports de ces dernières années de la Coupe des comptes, de l’Inspection générale d’État (IGE) et de l’OFNAC, l’Office national de lutte contre la fraude et la concussion.
De son côté, Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais (FSS), salue cette décision du président de la République ordonnant l’audit du contrat d’affermage liant l’État du Sénégal à la société SEN’EAU.
M. Diouf fait part de l’engagement du FSS à aider l’État à “clarifier toutes les questions [pouvant être considérées comme] nébuleuses”, dans un entretien accordé à L’Observateur, lequel quotidien revient sur la publication annoncée des rapports de la Cour des comptes, de l’IGE et de l’OFNAC. Et de préciser que pour certains corps de contrôle, “il faudra faire sauter certains verrous” pour exécuter la décision présidentielle.
Le public n’était pas mentionné par la loi listant les rapports de l’IGE, indique le journal en citant des experts et en précisant que l’OFNAC, pour sa part, se prononce plutôt sur des soupçons de corruption.
“Lanceurs d’alerte, influenceurs ou bonimenteurs ?”
EnQuête, d’une certaine manière, rejoint L’Observateur. La Cour des comptes et l’OFNAC, écrit-il, “sont censés être indépendants et produisent des rapports publics”, alors que les rapports de l’IGE sont “des outils de gestion mis à la disposition du chef de l’État”.
Bassirou Diomaye Faye “entend faire de son magistère une maison de verre. Mais il devra commencer par contraindre à la transparence les hautes personnalités et les hauts fonctionnaires qui trainent toujours les pieds quand il s’agit de faire leur déclaration de patrimoine”, lit-on dans L’info.
Ce journal, citant le rapport 2021 de l’OFNAC, soutient que “39 % des assujettis (les présidents d’institution et les personnes dirigeant des structures publiques dotées d’un budget de plus de 1 milliard de francs CFA) n’ont pas accompli cette obligation”.
Le quotidien Kritik’ s’intéresse à une autre dimension de la transparence relative aux lanceurs d’alerte. Le journal, surfant sur l’annonce d’une loi visant à leur garantir une protection, semble nourrir des craintes à ce sujet en s’interrogeant : “Lanceurs d’alerte, influenceurs ou bonimenteurs ?”
“La Toile va continuer d’alimenter la chronique et les journalistes du web sont gonflés à bloc pour inonder les réseaux sociaux avec la loi qui ouvre la boîte de Pandore”, écrit le journal avant de s’interroger : “Libération de la parole citoyenne ou invite maladroite à un règlement de comptes citoyen qui ne dit pas son nom ?”
Kritik’ en conclut que “les professionnels de la délation ont bien de la matière dans un pays où la rumeur et l’approximation forgent souvent la religion de l’opinion”.
Sud Quotidien, disséquant la “gouvernance de fin de règne” de Macky Sall, signale des “couacs de dernière minute”, dont le décret élargissant le bénéfice des passeports diplomatiques. Le journal parle également de “recrutements massifs et ‘antidatés’ dans les ministères”, sans compter le “contrat problématique de dessalement de l’eau de mer” et l’”octroi tendancieux de la concession de chantier naval chez Dakarnave”.
La fin de mandat de Macky Sall “est lourde de couacs ou ‘scandales’”. Elle pousse le président Bassirou Diomaye Faye à “prendre des mesures presque ‘conservatoires’”, conclut le quotidien Kritik’