C’était en 2007, en classe de première au Prytanée Militaire de Kati. Un soir, un camarade de promotion, avec qui je partageais la chambre no 1, ramena quelques cadets avec lui.
Une banalité au Prytanée.
Après avoir remis du linge à certains, il se mit à manœuvrer et tabasser d’autres pour des raisons que j’ignorais. Le sort de ces cadets était une banalité pour tout pensionnaire de Kati. Au lit, fatigué après une dure journée comme nous en avions très souvent, je n’avais pas jugé nécessaire d’intervenir.
Le lendemain, je fus convoqué devant le Commandant en second de l’école. Il s’appelait Oumar DAO. On le surnommait Barron. Un homme militaire, craint et respecté. Cet ancien enfant de troupe, du haut de ses 2m, me demandait la raison de mon indifférence face au spectacle qui s’était déroulé en ma présence la veille. À la suite de mes explications, il me notifiait une punition de quelques jours de prison.
Cet officier, aujourd’hui Général de division, actuel Directeur de l’Ecole de guerre du Mali après avoir été Chef d’Etat major particulier du Président Ibrahim Boubacar KEITA du Mali, motivait cette punition par une “Complicité passive”. Je n’avais pas amené ces gosses en chambre. Je n’avais levé la main sur aucun d’entre eux. Je n’avais adressé la parole à aucun d’entre eux.
Toutefois, le commandant avait jugé mon attitude irresponsable. Ayant la latitude de m’opposer à ce que mon camarade de promotion faisait, mon silence et mon inaction étaient aussi coupables que ses actes.
Depuis lors, l’indifférence ne me connaît plus. Sinon, difficilement. Face à l’injustice et à l’arbitraire, le silence et l’inaction sont les pires formes de complicité.
Aux autorités du pays et quels que soient leurs statuts, à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, laissent le régime en place saboter notre démocratie en se murant dans le silence et l’inaction, je voudrais signifier cette complicité passive.
Ils violent un serment devant la nation et se montrent peu dignes de leurs devanciers qui ont permis au Sénégal d’avoir été cette grande nation de démocratie et de paix.
Demain, après cet accident de trajectoire, ils répondront.
Au moins, pour complicité passive.
Mouhamadou Lamine Bara LO
Spécialiste Politique étrangère, Défense et Sécurité
Président Mouvement FARLU
Membre de la Coalition Diomaye Président