Les quotidiens parvenus vendredi à l’APS tentent, pour la plupart, de dérouler le « film » de l’audition de l’opposant Ousmane Sonko, entendu la veille par le doyen des juges d’instruction sur les accusations de viol le concernant.
« Ousmane Sonko s’explique et conteste les faits », titre sobrement le quotidien Le Soleil en faisant allusion aux accusations de « viols répétés » portées à l’encontre du leader du parti Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) par une employée d’un salon de massage dakarois.
Ousmane Sonko « évoque encore un ’complot’ et remet au juge ’le PV original’ et une enquête interne de la gendarmerie », rapporte le quotidien Libération, selon lequel le maire de Ziguinchor (sud) a de même « refusé de répondre aux questions du représentant du parquet qui, selon lui, ’fait partie du complot’ ».
Quand le parquet lui a demandé « s’il a entretenu des rapports sexuels avec Adji Sarr, le maire de Ziguinchor est resté muet comme une carpe », écrit Source A, ajoutant que ses avocats, satisfaits de la manière dont il s’est « bien défendu », « n’ont pas senti le besoin de lui poser des questions ».
« Sonko réfute et accuse », écrit EnQuête, quotidien selon lequel l’opposant « nie toute conjonction sexuelle » avec Adji Sarr. « Sonko mutique face au juge », titre Le Quotidien, avant de faire observer que le face-à-face du leader du Pastef avec le doyen des juges d’instruction « a suscité encore plus de questions qu’il n’a apporté d’éclairages ».
Le journal laisse entendre que cela tient notamment au fait que l’opposant « a refusé d’être entendu sur le fond de l’affaire et a dénié au doyen des juges d’instruction toute légitimation pour le juger, car le trouvant partial dès sa nomination ».
Mieux, le leader de Pastef a menacé de « représailles toute personne ayant pris part au complot », note L’Observateur. Il a aussi refusé de se soumettre à un test ADN, un fait relayé par quasiment tous les quotidiens.
Le quotidien Vox Populi, par exemple, propose un bon résumé de la ligne de défense du leader de Pastef : « Sonko refuse le test ADN, réitère ses accusations de complot et menace ».
« Sonko refuse le test ADN et menace », renchérit L’As. Il précise que le but de cet examen est de permettre à la justice de « déterminer si oui ou non il est le propriétaire du sperme prélevé dans l’anatomie de la plaignante ».
Le Témoin Quotidien, parmi d’autres détails croustillants, rapporte que le doyen des juges s’est bandé « les mains pour éviter le mauvais sort ». Dans le bureau du doyen des juges, écrit le journal, « l’ambiance était morose ».
« Il y avait du ’safara’ (une substance mystique) éparpillé un peu partout dans la salle, et le juge Maham Diallo s’était… bandé les mains pour ne pas avoir, selon les mauvaises langues, à échanger des poignées de main avec qui que ce soit », rapporte-t-il.
L’Evidence estime que finalement Ousmane Sonko est sorti « en vainqueur » de son face-à-face avec le doyen des juges d’instruction. Aussi ses avocats se disent-ils « confiants », selon WalfQuotidien.
« Ils ont affiché, au terme de [l’audition de leur client] dans le fond du dossier Sweet Beauté (du nom du salon de massage qui employait Adji Sarr), leur confiance quant à la suite de la procédure. Dans leurs déclarations, ils espèrent un ’non-lieu’ », rapporte le même journal. Ce qui amène EnQuête à évoquer « les enjeux politiques » de cette affaire judiciaire.
« De la suite du dossier Adji Sarr, dépend, en grande partie, l’avenir politique d’Ousmane Sonko, croit savoir le journal. Avec un non-lieu, il s’ouvrira devant lui un boulevard pour l’élection présidentielle. Avec une condamnation, même pour un sursis de plus d’un mois, il risque de ne pas participer » à cette élection, analyse-t-il.
Une « tempête judiciaire »
« Sonko, affaire sur affaire », titre Le Vrai Journal, énumérant les dossiers politico-judiciaires dans lesquels le leader de Pastef s’est trouvé « directement ou indirectement impliqué » en l’espace de vingt mois.
Il part de l’affaire « Sweet Beauté », liée aux accusations de viol le concernant, aux incidents survenus lors de sa récente tournée dans le département de Mbour (ouest), lesquels sont à l’origine de la garde à vue de certains membres de sa garde rapprochée.
« Au commencement » était l’affaire Sweet Beauté, qui remonte à février 2021 et à laquelle est venue s’ajouter trois autres dossiers, dont l’affaire dite des « forces spéciales » et l’arrestation de « ’rebelles’ supposés venir prêter main-forte à Ousmane Sonko et à sa coalition, Yewwi Askan Wi ».
Il y a « enfin les affrontements de Tchiky, qui mettent en cause sa garde rapprochée. Simple hasard ou chasse à l’homme ? » se demande Le Vrai Journal. Sud Quotidien revient sur ce dernier point relatif à l’arrestation de gardes du corps d’Ousmane Sonko, finalement « seule fausse note d’une journée très tendue, ayant suscité moult craintes et appréhensions d’un remake des événements de mars 2021 ».
Des manifestations de grande ampleur ont éclaté au Sénégal à cette date et se sont soldées par la mort de 13 personnes, selon un bilan du gouvernement. Ces manifestations liées à l’affaire « Sweet Beauté » ont pollué la vie politique sénégalaise.
Alors qu’il se rendait au tribunal, des heurts ont éclaté à Dakar entre les forces de l’ordre et les partisans de l’opposant. Ces émeutes ont aussi touché d’autres villes comme Ziguinchor.
Le quotidien L’info, faisant référence au contexte de l’audition d’Ousmane Sonko, jeudi, parle d’un « calme avant la tempête ». Le journal annonce « une tempête judiciaire qui promet d’être rude en perspective des prochaines échéances électorales ».
Le Soleil ouvre son édition sur la monétique et rapporte que le Sénégal compte « 1,5 million de cartes bancaires en circulation ». « En 2021, écrit-t-il, les transactions monétiques ont porté sur 23 milliards de francs CFA, ce qui place le pays au deuxième rang dans l’UEMOA », l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Après avoir prévu 700 milliards de francs CFA de subventions pour permettre aux Sénégalais de supporter la cherté des denrées de consommation courante, Macky Sall est « stoppé par le FMI », le Fonds monétaire international, note le quotidien Tribune, lequel annonce sur cette base « une hausse des prix ».