Le militantisme politique au Sénégal est une activité très complexe, partagée entre le reniement de principe à la trahison des idéaux, du don de soi, au clivage et coterie partisane ainsi qu’à la guerre de positionnement.
La sincérité dans l’engagement, cède le pas à l’achat de conscience à coup de millions et autres avantages matériels.
En un mot, le manque de conviction reste et demeure la chose la mieux partagée dans ce domaine. Presque, aucun parti politique n’est épargné, car certains de ses composants sont animés par un intérêt crypto-personnel qui refait surface à chaque fois que des postes électifs sont mis en jeu. C’est dire que leur engagement politique n’est rien d’autre qu’une couverture qui masque leur soif de pouvoir.
Alors que d’autres, animés par un excès de zèle, démontrent un engagement inquiétant vis à vis de leur mentor, au point de causer beaucoup plus de problèmes qu’ils en résolvent.
Le parti à travers sa direction, crée parfois les conditions qui entraînent le pourrissement du militantisme politique en entretenant le favoritisme au sommet au détriment du mérite, le parachutage d’éléments au détriment du militant de première heure.
La plupart des partis politiques donnent l’image d’une pyramide où ceux qui sont au sommet s’arrogent le droit de décider pour la base qui englobe la masse, sans pour autant les consulter. Pire, certains constituants ne doivent leur existence politique qu’à la proximité d’avec le sommet. Une très mauvaise manière de servir son parti, si l’on sait que les masses qui doivent porter leur parti en triomphe sont issus de la base.
Beaucoup de partis politiques ne disposent pas d’une école de parti qui vise à former le militant à la réflexion par rapport à ses idéaux et ses orientations.
Alors que certains qui déclarent en disposer, ont des écoles de parti en état d’hibernation permanente. C’est pourquoi, l’on ne s’étonne pas de constater tristement à l’émergence d’un certain groupe de militants assimilés à des sujets, formés mécaniquement à l’obéissance, en lieu et place d’un regard critique par rapport à la démarche de son leader ou de sa formation politique afin d’aider aux prises de décision et d’orientation judicieuses.
En des termes beaucoup plus prosaïques, il s’agit de jouer pleinement son rôle de contrôle citoyen, de participer à l’effort de « guerre » afin d’éviter une dissymétrie entre le sommet et la base qui débouche parfois sur le sentiment de défiance ou de désaffection vis-à-vis du jeu politique partisan, et même de la chose électorale (le parti concourt au suffrage des citoyens) résulte du fait que la base continue de tourner autour des préoccupations du parti non plus que le parti tourne autour des préoccupations de la base.
Babou Bamba