Le réalisateur revient sur toute une vie de combat et de refus du jeune Omar Blondin Diop mort à l’âge de 26 ans.
Le film documentaire ’’Omar Blondin Diop, un révolté’’ du réalisateur Djeydi Djigo consacré à l’intellectuel et militant anticolonialiste déclaré mort en détention dans la prison de l’île de Gorée le 11 mai 1973, a été projeté, mercredi, au Théâtre Daniel Sorano.
A travers cette production, le réalisateur dit vouloir partir à la recherche de la vérité sur la mort ’’mystérieuse’’ de cette figure emblématique du mouvement révolutionnaire post-indépendance et anti-impérialiste.
’’L’objectif était de faire découvrir Omar Blondin Diop, car on ne peut pas faire des recherches sur des personnages politiques au Sénégal sans tomber sur lui’’, a-t-il dit, mercredi, à la fin de la projection du film dans un théâtre national Daniel Sorano archicomble.
Pour le réalisateur scénariste, ’’l’idée est de faire découvrir la vérité sur sa mort, car il y a assez de documents qui prouvent que la thèse officielle est fausse’’.
Oumar Blondin Diop s’est-il suicidé par pendaison dans sa cellule comme l’atteste la thèse du régime de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant ? Ou, est-il mort des suites des sévices subies en détention comme le soutient sa famille ?
Le long métrage documentaire de 80 minutes balaie d’un revers de la main la thèse du suicide par des témoignages d’hommes clés du dossier tels que le magistrat Moustapha Touré Doyen des Juges d’instruction à l’époque des faits, décédé le 23 juin 2022.
Il y a aussi les témoignages de Dialo Diop, son frère, de ses anciens camarades de classe en France qui campent le caractère et les convictions de Omar Blondin Diop et ses codétenus parmi lesquels son jeune frère Mohamed Blondin Diop et Alioune Sall ’’Panoma’’.
49 ans après la mort ’’violente’’ d’Omar Blondin Diop dans la prison de l’île de Gorée à Dakar, le réalisateur sénégalais Djeydi Djigo enquête sur la vie et les circonstances tragiques de la disparition de ce jeune révolutionnaire des années Senghor.
Le film documentaire est une trame chronologique maitrisée partant de la naissance à la mort (1946-1973) de ce premier normalien sénégalais engagé qui a réussi à entrer à ’’Normale Supérieure de Saint-Cloud’’ là où le poète-président Senghor a échoué après son passage au lycée Louis Le Grand en France.
Dans une esthétique mixe, il valse entre des images d’archives vidéos et des textes animés de la participation de Omar Blondin Diop aux évènements de mai 1968 à Nanterre en France, ce qui lui a valu son expulsion vers le Sénégal.
Par manque d’archives vidéos sur les évènements au Sénégal, le réalisateur passe par le dessin pour reconstituer la ’’radicalisation’’ de ce révolutionnaire au Sénégal afin de faire libérer ses frères emprisonnés.
Ces derniers parmi lesquels Dialo Diop avaient incendié le centre culturel français de Dakar et le ministère des Travaux publics quelques semaines avant la visite du président français Georges Pompidou.
Le documentaire de Djigo lève ainsi un coin du voile sur cette page d’histoire politique du Sénégal mouvementée comme l’ont été les documentaires ’’Président Dia’’ de Ousmane William Mbaye (2012) et ’’Valdiodio Ndiaye, un procès pour l’histoire’’ de Amina Ndiaye Lecleck (2021).
Djigo interroge le passé et espère que son film changera l’histoire pour une ’’réouverture du dossier’’ en vue d’une ’’réhabilitation’’ d’un ’’héros panafricaniste et révolutionnaire’’ après quatre années de tournage.
Il vient enrichir les films consacrés à Omar Blondin Diop après celui du Belge Vincent Meessen ’’Sur les traces de Omar Blondin Diop’’ explorant les effets du colonialisme sur le Sénégal d’aujourd’hui sorti en octobre dernier.
Omar Blondin Diop, né le 18 septembre 1946 à Niamey (Niger) de parents sénégalo-malien avec onze frères, était membre actif du mouvement des jeunes marxistes-léninistes du Sénégal proche des Blacks Panthers aux Etats-Unis et des autres mouvements en Amérique Latine.
Le film documentaire ’’Omar Blondin Diop, un révolté’’ a été projeté au dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en octobre dernier.