Il était attendu sur le sujet. Depuis sa victoire au premier tour, le 10 avril dernier,Emmanuel Macronsait que son réservoir de voix pour le second tour se situe sur sagaucheet notamment parmi ceux qui attendent un changement dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Alors qu’il tenait son premier meeting de l’entre-deux-tours au Pharo, à Marseille, sur une pelouse clairsemée, une manifestation se tenait à Paris pour dénoncer l’“inaction climatique”. Un peu plus tôt dans la semaine, des étudiants se faisaient entendre pour dénoncer le duel Le Pen-Macron. Le président sortant a semblé vouloir leur répondre à distance ce samedi 16 avril après-midi.
Une “méthode nouvelle” encore floue
“Manifester dès le lendemain contre une élection démocratique ne mène à rien”, a lancé d’emblée le président-candidat qui promet de “réinventer ensemble l’action en démocratie”, sans rien préciser de cette méthode “nouvelle” qu’il promet en cas de réélection.
Plus précis, en revanche sur l’action qu’il entend mener pour le climat. Le président sortant a annoncé que son Premier ministre, s’il est élu, serait dédié à la planification écologique, terme directement emprunté au programme de Jean-Luc Mélenchon. “Nous devons bâtir un avenir en commun”, a-t-il aussi lancé à ses troupes, reprenant mot pour mot le nom du programme de l’Insoumis.
L’inaction, pas chez moi!Emmanuel Macron, candidat à sa réélection.
Prenant le temps de vanter son bilan en matière environnementale, “l’arrêt de Notre-Dame des Landes, du Terminal 4 de Roissy ou de la Montagne d’or en Guyane”, les “13.000 km de pistes de cyclable” ou “l’arrêt des centrales à charbon”, Emmanuel Macron s’est adressé à ses opposants de gauche qui hésitent à voter pour lui: “Pas de fausse leçon, la clarté dans les objectifs et des investissements! L’inaction, pas chez moi!”, a-t-il déclaré, s’adressant explicitement aux manifestants pour le climat qu’il a salués.
“Clairement le Giec nous dit que ça ne suffit pas”, a reconnu le candidat LREM. ”Il faut aller deux fois plus vite que ce que nous avons fait, et vous savez quoi? On va le faire!”, a-t-il promis. Sur le plan politique, Emmanuel Macron a détaillé les deux postes de ministres qui seront sous le Premier ministre: le premier pour mettre en œuvre “la planification énergétique” et le second pour assurer la transition écologique “dans les territoires”.
Le Président sortant s’est longuement attardé sur l’alimentation qu’il promet de meilleure qualité, notamment dans la restauration collective, favorisant “les circuits courts et le bio” dans les cantines scolaires. “La France peut être la première grande nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon. C’est possible et nous le ferons”, a-t-il promis, sans jamais évoquer la convention citoyenne pour le climat qu’il a mise en place mais sans respecter toutes ses recommandations, comme il s’y était pourtant engagé.
Création d’une fête de la nature
Emmanuel Macron a consacré la quasi-totalité de son discours à l’environnement, énumérant des mesures comme l’énergie solaire multipliée par dix sur le sol français, le développement des transports en commun, permettre l’achat d’une voiture électrique pour 100 euros par mois, la construction de ces véhicules en France et une grande action sur la pollution de l’air dans les bâtiments publics “dont vous verrez les effets dès la fin de cette année”.
Promettant 400.000 postes de “métiers qui ont du sens” pour la transition énergétique, notamment en direction de la jeunesse qui a massivement voté pour Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, le candidat Macron a également annoncé la création d’une “fête de la nature” qui aurait lieu chaque dernier week-end de mai, en lien avec les collectivités locales et pour montrer au monde que la France “ambitionne de devenir la grande nation écologique”.
Notre défi est de faire une économie plus écologique, pas moins d’économie pour l’écologie.Emmanuel Macron, candidat à sa réélection.
En miroir, le président a dénoncé le discours de sa concurrente d’extrême droite, Marine Le Pen, sur le sujet. Haussant d’un ton, il l’a qualifiée d’“incompétente” et de “climatosceptique”. Il a moqué son projet de démantèlement des éoliennes en ironisant sur “la bonne utilisation de l’argent public”.
“L’extrême droite est un projet climatosceptique”, a-t-il insisté auprès de ses partisans qui scandaient “On va le faire! On va le faire!”, à chaque proposition. “Le 24 avril, c’est référendum pour ou contre l’Union Européenne, pour ou contre l’écologie, pour ou contre la République, pour ou contre la jeunesse!”, a assené le candidat Macron, à la fin de son discours. “Oui nous gagnerons, et alors ce sera à nous de faire, autrement, tous ensemble!”
Sans oublier son socle de droite, Emmanuel Macron a pris soin de préciser qu’il était opposé à la “décroissance”. ”Notre défi est de faire une économie plus écologique, pas moins d’économie pour l’écologie”, précise-t-il à l’attention de son électorat dans les milieux de l’entreprise. “Les grands patrons seront verts et écoresponsables”, a-t-il dessiné dans la France qu’il entend diriger cinq ans de plus avec ce nouveau credo, paraphrasant Malraux et la religion: ”La politique que je mènerai sera écologique ou ne sera pas”.