Marseille. L’IHU Méditerranée lance le recrutement du successeur de Didier Raoult
L’IHU Méditerranée Infection de Marseille a lancé mardi 23 novembre 2021 le processus de recrutement en vue de remplacer Didier Raoult. Louis Schweitzer, l’ex-patron de Renault, a été placé à la tête d’une « commission de sélection » pour trouver le successeur du professeur controversé.
Les jours du professeur Raoult à la tête de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille sont officiellement comptés : l’institut a enclenché mardi 23 novembre 2021 le processus de sélection d’un nouveau directeur en nommant Louis Schweitzer, l’ex-patron de Renault, à la tête d’une « commission de sélection ». Le conseil d’administration de l’institut hospitalo-universitaire a « proposé à l’unanimité la désignation de Louis Schweitzer », a précisé l’institut dans un communiqué à l’AFP, en ajoutant qu’un « appel à candidatures sera prochainement diffusé dans des revues internationales ».
Mais aucune date n’a été donnée pour l’entrée en fonction du successeur du controversé Didier Raoult, accusé de « charlatanisme » par certains de ses pairs pour avoir fait la promotion d’un traitement du Covid à l’hydroxychloroquine sans validation scientifique.
« Besoin de tourner une page »
Le 17 septembre, dans un communiqué annonçant déjà « une commission de recrutement et un appel d’offres international », les six membres fondateurs de l’institut, dont l’AP-HM, l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, avaient affiché l’objectif de trouver un remplaçant à Didier Raoult d’ici « le 30 juin au plus tard, pour une prise de fonction au plus tard le 30 septembre ».
Didier Raoult, retraité depuis le 31 août dernier en tant que professeur d’université-praticien hospitalier, devrait donc rester quelques mois encore à la tête de cet institut qu’il avait créé en 2011. En août, dans le quotidien Le Monde, le nouveau directeur-général de l’AP-HM François Crémieux, avait exprimé le « besoin de tourner une page ». « Il arrive pour faire le ménage et je fais partie des objets dont il voudrait faire le ménage », avait réagi le professeur Raoult, dans un entretien à Cnews, affirmant payer ses critiques de la gestion de l’épidémie de Covid-19 par l’hôpital public parisien, l’AP-HP, et son président, Martin Hirsch, dont François Crémieux avait été l’adjoint.
« On fait le procès de la réussite »
Une certitude, les équipes actuellement en place à l’Institut seront partie prenante à la sélection de leur futur patron. « Le profil de la candidature rédigé par le conseil scientifique et stratégique de l’IHU » a été « approuvé à l’unanimité », a précisé le communiqué, soulignant que ce conseil « fera partie intégrante de la commission de sélection ». Ce processus de recrutement intervient alors que l’IHU fait l’objet de nombreuses enquêtes et que son directeur a été visé par plusieurs plaintes.
« On fait le procès de la réussite », avait rétorqué Didier Raoult le 5 novembre, à Bordeaux, après sa comparution devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins de Nouvelle Aquitaine. Il lui était reproché d’avoir fait la promotion d’une bithérapie conjuguant hydroxychloroquine et azythromicine pour traiter les malades du Covid, « sans données scientifiques établies », mais aussi d’avoir manqué « à son devoir de confraternité » envers d’autres médecins.
De nombreuses enquêtes
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes sur les conditions dans lesquelles l’IHU a conduit ses études autour du Covid : d’abord par l’université Aix-Marseille, autre membre fondateur de l’Institut, en juin 2021, puis par l’AP-HM, en novembre. L’ANSM, l’agence du médicament, avait également annoncé mener des « investigations », en juillet, après un article de L’Express sur de « possibles manquements à la réglementation des essais cliniques ».
La même agence du médicament a annoncé fin octobre qu’elle allait « diligenter une inspection » au sein de l’IHU, suite aux affirmations de Mediapart selon qui l’institut aurait mené « une expérimentation sauvage contre la tuberculose ». Face à « la gravité et l’ampleur potentielle » de ces faits, l’AP-HM avait aussi lancé une enquête, alors que de son côté le parquet de Marseille demandait une « évaluation » des suites judiciaires à donner à ce dossier.
Enfin, le 4 novembre, c’est le ministre de la Santé Olivier Véran et sa collègue de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, qui ont demandé à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) de mener « une mission de contrôle » à l’IHU.