Mbacké Baol est fondé en 1795, par Maharam Mbacké (mort en 1802). Cette ville située à 7 kilomètres de la cité religieuse de Touba peut se vanter d’avoir le privilège exclusif de voir naitre Serigne Touba, le fondateur du Mouridisme
Cette ville vielle de presqu’un demi-siècle peut aussi s’enorgueillir d’avoir une position que lui envieraient d’autres contrains du pays qui n’en sont pas aussi lotis. En effet, elle se trouve au cœur du Sénégal, sur la route nationale N3 entre Diourbel et Dahra, non loin de la ville sainte de Touba avec laquelle il forme l’une des rares agglomérations du pays. Cette position géographique est stratégique dans la mesure où la ville se situe seulement à 180 km de la capitale Dakar, non loin des principales villes de Thiès, Louga et Kaolack.
Avec une telle configuration géographique, une aura historique et de réels atouts sur lesquels je reviendrai, il serait légitimement fondé de soutenir à présent que cette ville fait partie des villes les plus développées qui tirent l’émergence du pays.
Cet idéal légitime de développement en contraste avec les dures réalités que vivent les dignes fils de cette localité m’ont poussé à soulever certaines interrogations qui me paraissent justes et pertinentes.
Quels sont les freins qui gangrènent le développement de Mbacké ?
Quels sont les véritables ressorts sur lesquels on doit s’appuyer pour le développent de Mbacké ?
Cette réflexion sur la problématique du développement de Mbacké trouve tout son intérêt eu égard au fait qu’il s’agit pour moi d’un prétexte pour inviter tous les fils du Baol à une analyse objective et sans complaisance afin de trouver les remèdes nous permettant d’inscrire à jamais notre ville dans le panthéon des villes émergentes.
1.Les freins au développement de la ville
Sans détour une analyse historique et présente de l’espace public me donne la conviction que les contraintes majeures au développement de la ville sont les politiques et une certaine frange de la jeunesse
1.1 Les politiques.
Comme on a coutume de dire les hommes passent et les institutions demeurent. Mais, la vocation de tout homme politique ne devrait être que de servir la cité et se donner comme sacerdoce de marquer par un encre indélébile les institutions qu’il a la lourde et historique responsabilité de diriger.
De Samba Yella Diop au maire Abdou Mbacké Ndao en passant par Bassirou Ndao et Ibra Gueye, les hommes ont bougés mais le visage de Mbacké lui est resté figé.
Ces différents hommes politiques et d’autres qui, pourtant ont eu la chance d’exercer de très grands pouvoirs publics sur l’échiquier national n’ont pas réussi à faire de Mbacké une ville développée.
Pour illustrer cette assertion qui ne constitue en aucune manière un jugement de valeur sur ces personnalités encore moins une intention de les discréditer, je partage avec vous les données issues de ce tableau sombre dressé par l’ANSD sur la situation actuelle de notre localité.
Les résultats de la ville en matière de couverture sanitaire montrent qu’elle est encore loin des normes de l’OMS selon lesquelles, il faut 01 hôpital pour 150000 habitants, 01 centre de santé pour 50000 habitants et 01 poste de santé pour 10000 habitants. En effet rien que la commune de Mbacké compte 68 054 habitants.
Et en ce qui concerne le chômage, (au sens du BIT) Mbacké se trouve dans l’une des quatre régions (Kédougou, Diourbel, Sédhiou, Kaolack) les plus touchées avec 23,4% contre 15,7% au niveau national (ENES 2015).
La liste est loin d’être exhaustive dans la mesure où Mbacké manque de tout (eau de qualité, lieu de loisirs pour la jeunesse, stade fonctionnel, établissement de formation professionnel…)
Le choix pour moi de mettre en exergue ces insuffisances parmi tant d’autres impactant le niveau de développent de la ville est murement réfléchi car il me permet tout au moins d’étayer la thèse selon laquelle nos politiques constituent un frein au développement de notre ville.
Vous conviendrez sans doute avec moi que si en 2020 un collectif voit le jour pour dénoncer la qualité de l’eau dans le Baol alors que Samba Yella Diop fut ministre de l’hydraulique et l’un des hommes forts du régime de Diouf pendant plus d’une décennie, il y’a lieu de situer sa responsabilité par rapport à la situation actuelle.
Et les inconditionnels à Iba Geye qui cantonnaient à l’occasion de ces méga meetings « Sa deug deug Iba Gueye lagnou beugue » ne peuvent pas non plus nier que la situation de Mbacké qui ne regorge aucune infrastructure sportive et de loisirs digne de ce nom contraste au fait qu’il soit ministre des sports et de la jeunesse pendant plusieurs années et qu’il ait aussi occupé les stations de pouvoirs les plus élevés de ce pays. Evidemment les plus fanatiques me diront qu’ils n’ont pas été nommés uniquement pour la ville et une certaine frange de la jeunesse qui n’a que l’insulte à la bouche proférera insanités à mon endroit. Mais cela n’altérera en rien leurs parts de responsabilités respectives dans la situation actuelle.
Et le ministre Moussa Sakho ne pourra pas non plus regarder la jeunesse de Mbacké pour leur dire qu’il n’avait pas la possibité durant tout le temps qu’il fut ministre de la formation professionnelle d’user de son pouvoir pour construire au moins un centre de formation professionnel digne de ce nom dans la commune afin de leur faciliter l’accès dans le milieu professionnel.
Mais le pire est que les politiques qui exercent actuellement des mandats électifs ou sont promus à la direction de grandes institutions publiques n’ont apparemment pas su apprendre des erreurs de leurs ainés.
En effet, dans leur agenda politique ils sont tous obnubilés par la prochaine échéance électorale et ne se soucie nullement du devenir et de l’opinion des prochaines générations.
En outre, le paradoxe fondamental est que ces politiques trouvent un écho favorable au niveau d’une certaine frange de la jeunesse.
1.2 Mbacké, victime d’une certaine frange de sa jeunesse
La principale caractéristique de la population de la ville se résume à la forte proportion de sa jeunesse.
Cette caractéristique devrait naturellement être un levier sur lequel on s’appuie pour la marche vers l’émergence car à ce stade de la vie on capitalise l’énergie nécessaire à l’action et on peut être porteur de toutes les ambitions.
Toutefois dans notre ville, ce qui serait ailleurs perçu comme un atout s’avère être un véritable fléau qui gangrène l’envol de la cité.
En effet cette assertion de Maitre Wade « Dit moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel peuple tu seras » trouve toute sa pertinence pour étayer nos propos.
Quand une jeunesse se positionne comme relais pour l’exécution de vils pratiques de politiciens véreux peut-elle porter le développement ?
Quand une jeunesse préfère la facilité en se bagarrant dans des associations ou lobbying au travail, peut-on compter sur elle pour consentir aux sacrifices nécessaires à l’effort au développement ?
Quand une jeunesse est inculte et corrompue, peut-elle se dresser en sentinelle et exiger réellement ce qui revient de droit à notre ville ?
Ces interrogation-affirmatives constituent aussi une invite pour moi à cette autre jeunesse de la ville qui incarne les valeurs de travail, de dignité, de noblesse de caractères à s’engager davantage dans la sphère publique car la nature a horreur de vide. Et comme disait l’autre le monde n’est pas détruit par ceux qui font du mal mais plutôt par ceux qui les laissent faire sans pour autant agir.
Malgré ce tableau peint en noir, un certain nombre d’atouts s’ils sont bien exploités peuvent nous permettre d’avoir foi en l’avenir pour notre ville.
2. Les leviers pour le développement de Mbacké
Dans le premier paragraphe de mon introduction, j’affirmais que Mbacké peut se glorifier d’avoir le privilège exclusif de voir naitre Serigne Touba, le fondateur du Mouridisme. Rien que la dimension spirituelle de Bamba qui constitue un creuset inépuisable de valeurs et de symboles pour toute l’humanité, constitue un socle sur lequel peut reposer le développement de Mbacké.
Je veux par la partager avec la jeunesse ma forte conviction selon laquelle il ne doit pas s’agir seulement pour nous de contempler et de se délecter de l’œuvre gigantesque du fondateur du mouridisme mais plutôt de s’en inspirer pour relever le défi du développement.
Au-delà de la dimension spirituelle qui peut aussi être utilisée pour développer le tourisme religieux, la position géographique de la ville, notamment évoquée dès l’entame de cette réflexion doit aussi être capitalisée afin d’en faire une plateforme économique incontournable qui relie la capitale Dakar et les autres localités du pays.
Etant une zone de très forte migration, celle-ci constitue par ailleurs un levier sur lequel doit s’appuyer le développement de la ville mais à condition que les migrants communément appelés Modou Modou soient accompagnés et que les flux financiers servent en priorité à la mise en œuvre de projets pérennes.
En effet selon le rapport de l’ANSD en date de 2016, le total des mandats émis dans la région de Diourbel se chiffre à 4,021 milliards.
En outre, étant donné que le commerce largement dominé par l’informel constitue l’activité économique la plus pratiquée dans le département et demeure le secteur qui pourvoie le plus d’emploi, il est naturellement un levier sur lequel on doit attirer l’attention de tout acteur qui réfléchit ou agit pour le développement de Mbacké.
Dans la commune de Mbacké 13 listes sont en compétition pour les élections municipales du 23 janvier 2022, choisir le bon profil et l’équipe aptes à sortir notre chère ville de la précarité constitue à coup sur un exercice périlleux pour l’électeur non averti.
Ce choix de la meilleure posture est d’autant plus difficile dans la mesure où une bonne lecture nous révèle que la quasi-totalité des candidats sont des marchands d’illusions, de faux prophètes et de conspirateurs qui manipulent l’opinion et endoctrinent les jeunes.
Cela dit, les forces vives de Mbacké, les jeunes en premier, doivent être perspicaces et être en mesure de séparer le bon grain de l’ivraie.
Et, pour y arriver la première précaution utile est sans nul doute de distinguer les candidats de Macky y compris ceux cautionner par Macky et ceux qui incarnent la vraie opposition constituant la seule alternative crédible pour sortir notre commune du gouffre.
Si c’est YEWWI ASKAN WI JE M’ENGAGE !
MBAYE SECK